Le bar.
Première partie.
- Trois Tueurs ma jolie !
- Avec ou sans glace Monsieur ?
- Avec, avec.
La serveuse repartit vers le comptoir, slalomant à travers la foule bigarrée du pub. Syph se retourna vers nous, un sourire concupiscent déchirant le coté droit de son visage. Il porta à ses lèvres un cigare et l'alluma, la braise rougeoyant et la fumée s'élevant. Nous étions dans l'Amiral Jaune, un bouge des Confins de l'humanité. Une faune étrange grouillait jour et nuit à l'intérieur de la bâtisse. Ceux de Bakunin auraient presque envié l'ambiance qui y régnait. Jo, le patron, avait des filles des quatre coins de la galaxie et des alcools tous plus forts les uns que les autres. Il entretenait dans les sous sols un marché noir, et au premier niveau des salles d'une tranquillité absolue. Le coin parfait pour nous, à vrai dire. Nous nous étions échappés in extremis de la bataille nous opposant au vaisseau morat. Avec de lourdes pertes. Sept chasseurs détruits, un porté disparu. Sur quinze, joli résultat non ? Sans compter la poupe en lambeaux, et le moteur droit défectueux. J'avais perdu ce jour là la confiance de mes hommes. Sûre et certaine. Comment faire po-
- Hé ! m'interpella Deirdre. Tu m'écoutes des fois ?
- Bien sûr que non pourquoi ?
- Hmpf. Fais au moins semblant alors, Maria.
Mon briquet éclaira un instant mon visage, le temps d'allumer mon propre cigare. Un ange voulut passer. Visiblement nous n'étions pas digne de son attention, il s'enfuit bien rapidement. Deirdre reprit :
- J'ai pu nous mettre en contact avec Goslo Feydrick.
J'arquai un sourcil. Elle pouffa, bientôt rejointe par Syph. Les yeux ronds d'étonnement, je les questionnai.
- Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?
La jeune femme évinça ma question d'un geste de la main.
- C'est un des marchands les plus riches du coin. Il est prêt à reprendre notre vaisseau vingt sept millions ! Une aubaine. Ton avis ?
Je baissai les yeux vers mon Tueur. Toujours pas arrivé. La serveuse mettait un temps fou. Un voile de larmes s'affaissa devant mes yeux. L'idée de devoir revendre le vaisseau m'était insupportable. J'en avais le ventre noué, le cœur serré. Pour dire. Néanmoins il le fallait. Nous avions les autorités Panocéaniennes et Yu-Jing à l'affût de la moindre information nous concernant. Un ravalement de façade s'avérait nécessaire. A défaut de changer nos visages, on pouvait bien modifier nos moyens de transport. Mon corps me surprit à répondre alors que tout mon être refusait de laisser notre vieille bicoque dans un cimetière.
- Ca me va.
Deidre s'approcha de moi, s'installant sur le tabouret à ma droite. Elle apposa sa main sur mon épaule, chercha mon regard. Je la fuyais, comme je les fuyais tous depuis deux semaines. Cette fois-ci, je ne me retins pas. Elle accueillit mes larmes.
Deirdre fit les gros yeux à Syph, lui faisant signe des mains et de la bouche de s'écarter. Il se releva, se dirigeant vers le comptoir. Il nota les quelques personnes s'étant retournées vers le duo. Deirdre tenait le Commandant contre elle, semblant l'apaiser de mots dont elle seule avait le secret. Le visage enfoui derrière la veste du lieutenant et dissimulé aux autres par un habile positionnement, Syph distinguait seulement les convulsions du Commandant. Plus il s'éloignait, plus les deux femmes se noyèrent peu à peu de nouveau dans la masse. Syph s'accouda au comptoir entre un manchot, sûrement un mercenaire ou un garde du corps et une jolie donzelle aux courbes plus que dessinée par ses courts vêtements. Il se tourna vers celle-ci, tout sourire.
- Salut.
Elle lui répondit d'un hochement de tête. Ses lèvres d'azur le captivèrent, aussi ne décrocha-t-il pas son regard du visage de la jeune femme pendant quelques secondes. Syph reprit ses esprits, s'étonnant de la facilité avec laquelle ces fameuses drogues vous lobotomisait un type. Une serveuse vint s'enquérir de sa commande. Il lui demanda les trois Tueurs longuement attendus. Une voix le fit à nouveau plonger en un rêve éveillé.
- Libre cinq minutes mon beau ?
- Bien plus que cinq pour toi lui répondit-il.
La jeune femme, dont il apprendrait le prénom plus tard, l'attira vers l'une des alcôves plongées dans la pénombre. Cat, puisque c'était son nom ou tout du moins son surnom, n'hésita pas une seconde à lui conférer un baiser des plus torride une fois qu'ils furent cachés aux yeux de tous. Foutue drogue sexuelle songea Syph. Découvrant le corps de sa belle d'un soir de ses mains, il s'abandonna au plaisir pré-nuptial. Un frisson bien autre que ceux provoqués par le désir le parcourut. Un picotement le long de l'échine l'envahit alors qu'il devinait la présence d'une nano-arme à travers la mince couche de vêtements. Bizarre que j'l'ai pas vue avant. Elle était pas habillée de latex ? L'homme laissa tomber les vêtements au sol de la féline et laissa s'échapper un hoquet de surprise quand il sentit le contact froid d'une arme à feu contre son abdomen. Il perçut le sourire sur le visage de Cat, le souffle chaud dans son cou répandre des paroles bien moins suaves qu'il ne l'avait imaginé.
- Ghàleb Ibn Marat, vous êtes en état d'arrestation.
'Pouvait pas le dire après ?
- Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous.
'Peut même plus prendre un bon moment. Fais chier.
Syph asséna un coup de poing dans le bas ventre de la jeune femme, écartant le bras de celle-ci de son corps. Elle laissa s'évader un cri de douleur tandis qu'il la frappait à nouveau, la projetant dans les brumes d'un sommeil paisible. Il prit le pistolet d'une main et se reprit ses vêtements de l'autre. Il allongea ensuite la jeune femme sur l'un des bancs de pierre de l'alcôve et entreprit de se rhabiller.
Il sortit, resserrant sa ceinture, rangeant l'arme et l'air serein.
Des coups de feu retentirent.
Première partie.
- Trois Tueurs ma jolie !
- Avec ou sans glace Monsieur ?
- Avec, avec.
La serveuse repartit vers le comptoir, slalomant à travers la foule bigarrée du pub. Syph se retourna vers nous, un sourire concupiscent déchirant le coté droit de son visage. Il porta à ses lèvres un cigare et l'alluma, la braise rougeoyant et la fumée s'élevant. Nous étions dans l'Amiral Jaune, un bouge des Confins de l'humanité. Une faune étrange grouillait jour et nuit à l'intérieur de la bâtisse. Ceux de Bakunin auraient presque envié l'ambiance qui y régnait. Jo, le patron, avait des filles des quatre coins de la galaxie et des alcools tous plus forts les uns que les autres. Il entretenait dans les sous sols un marché noir, et au premier niveau des salles d'une tranquillité absolue. Le coin parfait pour nous, à vrai dire. Nous nous étions échappés in extremis de la bataille nous opposant au vaisseau morat. Avec de lourdes pertes. Sept chasseurs détruits, un porté disparu. Sur quinze, joli résultat non ? Sans compter la poupe en lambeaux, et le moteur droit défectueux. J'avais perdu ce jour là la confiance de mes hommes. Sûre et certaine. Comment faire po-
- Hé ! m'interpella Deirdre. Tu m'écoutes des fois ?
- Bien sûr que non pourquoi ?
- Hmpf. Fais au moins semblant alors, Maria.
Mon briquet éclaira un instant mon visage, le temps d'allumer mon propre cigare. Un ange voulut passer. Visiblement nous n'étions pas digne de son attention, il s'enfuit bien rapidement. Deirdre reprit :
- J'ai pu nous mettre en contact avec Goslo Feydrick.
J'arquai un sourcil. Elle pouffa, bientôt rejointe par Syph. Les yeux ronds d'étonnement, je les questionnai.
- Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?
La jeune femme évinça ma question d'un geste de la main.
- C'est un des marchands les plus riches du coin. Il est prêt à reprendre notre vaisseau vingt sept millions ! Une aubaine. Ton avis ?
Je baissai les yeux vers mon Tueur. Toujours pas arrivé. La serveuse mettait un temps fou. Un voile de larmes s'affaissa devant mes yeux. L'idée de devoir revendre le vaisseau m'était insupportable. J'en avais le ventre noué, le cœur serré. Pour dire. Néanmoins il le fallait. Nous avions les autorités Panocéaniennes et Yu-Jing à l'affût de la moindre information nous concernant. Un ravalement de façade s'avérait nécessaire. A défaut de changer nos visages, on pouvait bien modifier nos moyens de transport. Mon corps me surprit à répondre alors que tout mon être refusait de laisser notre vieille bicoque dans un cimetière.
- Ca me va.
Deidre s'approcha de moi, s'installant sur le tabouret à ma droite. Elle apposa sa main sur mon épaule, chercha mon regard. Je la fuyais, comme je les fuyais tous depuis deux semaines. Cette fois-ci, je ne me retins pas. Elle accueillit mes larmes.
Deirdre fit les gros yeux à Syph, lui faisant signe des mains et de la bouche de s'écarter. Il se releva, se dirigeant vers le comptoir. Il nota les quelques personnes s'étant retournées vers le duo. Deirdre tenait le Commandant contre elle, semblant l'apaiser de mots dont elle seule avait le secret. Le visage enfoui derrière la veste du lieutenant et dissimulé aux autres par un habile positionnement, Syph distinguait seulement les convulsions du Commandant. Plus il s'éloignait, plus les deux femmes se noyèrent peu à peu de nouveau dans la masse. Syph s'accouda au comptoir entre un manchot, sûrement un mercenaire ou un garde du corps et une jolie donzelle aux courbes plus que dessinée par ses courts vêtements. Il se tourna vers celle-ci, tout sourire.
- Salut.
Elle lui répondit d'un hochement de tête. Ses lèvres d'azur le captivèrent, aussi ne décrocha-t-il pas son regard du visage de la jeune femme pendant quelques secondes. Syph reprit ses esprits, s'étonnant de la facilité avec laquelle ces fameuses drogues vous lobotomisait un type. Une serveuse vint s'enquérir de sa commande. Il lui demanda les trois Tueurs longuement attendus. Une voix le fit à nouveau plonger en un rêve éveillé.
- Libre cinq minutes mon beau ?
- Bien plus que cinq pour toi lui répondit-il.
La jeune femme, dont il apprendrait le prénom plus tard, l'attira vers l'une des alcôves plongées dans la pénombre. Cat, puisque c'était son nom ou tout du moins son surnom, n'hésita pas une seconde à lui conférer un baiser des plus torride une fois qu'ils furent cachés aux yeux de tous. Foutue drogue sexuelle songea Syph. Découvrant le corps de sa belle d'un soir de ses mains, il s'abandonna au plaisir pré-nuptial. Un frisson bien autre que ceux provoqués par le désir le parcourut. Un picotement le long de l'échine l'envahit alors qu'il devinait la présence d'une nano-arme à travers la mince couche de vêtements. Bizarre que j'l'ai pas vue avant. Elle était pas habillée de latex ? L'homme laissa tomber les vêtements au sol de la féline et laissa s'échapper un hoquet de surprise quand il sentit le contact froid d'une arme à feu contre son abdomen. Il perçut le sourire sur le visage de Cat, le souffle chaud dans son cou répandre des paroles bien moins suaves qu'il ne l'avait imaginé.
- Ghàleb Ibn Marat, vous êtes en état d'arrestation.
'Pouvait pas le dire après ?
- Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous.
'Peut même plus prendre un bon moment. Fais chier.
Syph asséna un coup de poing dans le bas ventre de la jeune femme, écartant le bras de celle-ci de son corps. Elle laissa s'évader un cri de douleur tandis qu'il la frappait à nouveau, la projetant dans les brumes d'un sommeil paisible. Il prit le pistolet d'une main et se reprit ses vêtements de l'autre. Il allongea ensuite la jeune femme sur l'un des bancs de pierre de l'alcôve et entreprit de se rhabiller.
Il sortit, resserrant sa ceinture, rangeant l'arme et l'air serein.
Des coups de feu retentirent.