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(Récit) un petit récit du point de vue d'un mercenaire Druze (le début seulement

Démarré par tita758, 09 Mai 2010 à 07:26:44

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tita758

Mon nom est Hassan Khandr. J'ai 35 ans. Je travaille pour la mafia Druze. Je connais des histoires un peu sales sur tout et tout le monde. Faut dire que j'ai pas mal bougé et changé de patrons au cours du temps.
Là, je bosse sur une mission très simple pour une société limite légale Panocéannienne. Je m'y connais en légal, j'ai fait des études de droit avant de m'engager dans le mercenariat. Sur ce coup, je suis avec un vieil ami, Izrak, un Bashi Bouzouk plutôt cool. Le mec marrant qui n'a peur de rien. Je l'ai vu une fois faire exploser son E/mauler dans la salle des commandes d'un vaisseau spatial qui cherchait à s'arrimer à un dock ; l'esplosion a été magnifique, on est entrés dans la station spatiale comme dans du beurre et le reste de l'opération n'était qu'un gag.
Il y a aussi deux Yuan Yuan. Je les connais pas. J'aime pas trop les nouvelles têtes mais l'un d'eux est le boss sur ce coup. Tant pis. Il y a aussi une fille, une odalisque, si j'ai bien compris avant de se lancer dans le paramilitaire, elle était à la fois escort-girl et garde du corps. Je veux bien la laisser garder mon corps mais vu le gabarit, je sens que ça va pas être commode. Et enfin, il y a deux Pannocéaniens. Des types qui étaient encore en costume genre vingtième siècle il y a deux heures. Une fois habillés correctement, je découvre que l'un d'eux doit être une sorte d'ingénieur de combat, son sac est bourré de charges creuses – l'équipement idéal pour ce genre de mission. L'autre a toujours une tête de banquier et il tient mal son combi. Je suis pas sûr de vouloir bosser avec un mec comme ça, même si c'est lui qui tient la bourse au final.
De mon côté j'ai fait simple. On sait jamais sur quoi on va tomber du coup j'ai sorti du classique, un bon combi et un DEP. On n'est jamais déçu, quel que soit l'opposition. Accessoirement j'adore poser l'embouchure d'un DEP sur les couilles ou dans la bouche d'un mec. D'habitude ilsse font dessus rien qu'à l'idée que je puisse tirer. Ils doivent me prendre pour un con, à cette distance on serait deux à exploser. Mais au moins ils balancent tout ce qu'ils savent et ils sont généralement tout surpris quand je ne fais que les assomer. Avec le DEP. Faut pas se gacher un petit plaisir.
Le but du jeu aujourd'hui est, d'après ce qu'a dit le boss, d'attaquer un train sur rail magnétique quelque part en Europe, j'ai pas bien compris où. A l'intérieur, il y aurait des cubes de données confidentiels que veulent récupérer mes employeurs. Le plan est simple – quand un boss dit ça, on dirait toujours qu'un boss a raison, j'ai découvert avec le temps que plus le plan de départ est simple, plus l'opération peut merder à cause d'un minuscule grain de sable -  Izrak et les deux Yuan Yuan attendent en altitude dans leur tas de feraille volant et tomberont sur la cible au moment critique, le banquier les accompagne – un banquier qui fait du parachute? On va rire. Tous les autres, on se poste sur le trajet, une charge creuse fera exploser la voie à l'entrée et à la sortie d'un espace confiné entre deux talus. Après, il n'y aura qu'à défourailler, massacrer tout le monde, s'assurer qu'on ne laisse pas de trace et foutre le camp.
Si l'opposition est pas trop rugueuse, la journée sera bonne. Je vais me faire un bon paquet de pognon sans trop me fatiguer. Mon plan perso? Je reste derrière l'odalisque et j'attends la cavalerie qui tombe du ciel en tirant sur tout ce qui bouge et en coupant les caméras de surveillance et leur alimentation. Zéro pour cent fatigue, cent pour cent bénéf. Je vais renvoyer pas mal au pays ce coup-ci, merci les pannoc.
Extrait du cube de données de Hassan Khandr, sujet Druze. En attente de Résurrection. Durée prévue avant retour : 76 ans.

tita758

zéro commentaire après un mois?
dommage pour ma carrière d'écrivain :)

merci pour les 34 qui ont pris le temps de voir la page

kenjaki

J'aime bien... je savais pas que les Druzes avaient un cube...

Mais j'aurais peut-être préféré une immersion dans l'action plutôt que l'annonce du plan (même s'il se déroule sans accroc ...)

Docteur Tank

Moi j'aime beaucoup le contraste entre l'assurance du vétéran blasé et la dernière phrase :D

Zarachi

Citation de: Docteur Tank le 30 Mai 2010 à 07:34:08
Moi j'aime beaucoup le contraste entre l'assurance du vétéran blasé et la dernière phrase :D
C'est vrai que c'est plutôt ironique^^

On sent bien le plan 100% foireux trop simple pour aller comme sur des roulettes  ;D

Je dois avouer que le banquier m'intrigue !

A quand la suite ?

kenjaki

c'est vrai.. moi aussi ce banquier m'a intrigué... Je me demande ce que cache cette description..

Un agen d'Aleph, un suplanté shaavasti ??

Pitaine

Ca me rapelle Shadowrun ^^

Sympa. Bon, résurectionner un type pareil est curieux et ça fait plus "journal intime" que cube mais l'idée est sympa.
Pirate un jour, Pirate Toujours!

Venez lire les Bons Rapports de Bataille de Gryff et Pitaine:
http://gryff-et-pitaine.fr/?page_id=709

sechs


+1 avec pitaine, je sais pas si un extrait de cube aurait ce type d'intonations...

ça n'enlève rien à la qualité du récit qui est très agréable =)

D'autres petits récits son prévus ?

tita758

Promis, je posterais la suite d'ici peu.

A vrai dire je vois pas trop comment est l'"intérieur" d'un cube, j'ai pris le parti de faire ca façon wolverine.

tita758

Dans ma branche, il y a trois moyens de réussir : avoir un gros cerveau, des gros muscles ou des gros canons. Dans l'ensemble, je peux me vanter d'avoir un peu les trois. Mais sur ce coup-ci, j'ai carrément manqué de cervelle. J'avais bien étudié la zone de combat, choisissant le côté le plus propice à une retraite à couvert au cas où ça tourne mal. Pendant ce temps, l'ingénieur Pannoc préparait l'explosion des charges creuses sur la voie du transport magnétique. D'après ses évaluations, il y aurait une motrice et deux wagons, un pour la sécurité et un pour le butin. Pendant ce temps, l'odalisque préparait notre position pour l'attaque. Elle se la pétait un peu avec son spitfire, faut reconnaître qu'elle avait l'air de savoir s'en servir. Au dessus de nous, le coucou des Yuan Yuans faisait des allers retours vers le nord, d'où le train était censé arriver.
Quand ils nous ont envoyé le signal radio, l'odalisque, le pannoc et moi nous sommes planqués fissa en haut du talus. Armes en pogne. J'ai vérifié l'état de nerfs du mec avec les charges creuses. Il transpirait, respirait lourdement, si c'était pas sa première action de guerre, ça devait pas être loin d'être le cas. J'aime pas bosser avec des novices, ils paniquent pour un rien et faut tout leur montrer. Je suis pas payé pour faire instructeur et encore moins changer les couches.
L'ingénieur fit exploser sa charge creuse sur la voie à l'instant même où on l'aperçut. Le train a alors ralenti, probablement à cause d'un signal d'alarme électronique. Les calculs de l'ingénieur pannoc devaient être justes parce que la machine s'est arrêtée à quelques centimètres seulement du lieu de l'explosion ; la deuxième charge explosa à ce moment, bloquant la retraite du train Celui-ci était composé effectivement de la motrice et des deux wagons. Celui du milieu devait être notre cible, parce que de l'autre, une porte s'ouvrit sur le flanc, laissant apparaître les protecteurs du convois.
Au moment où notre coucou arrivait à toute vitesse sur notre cible pour prendre le convoi par surprise, nos quatre sauteurs tombaient du ciel à grande vitesse alors que l'odalisque, l'ingénieur et moi levions nos armes et commencions à tirer. Mais le problème venait pas de nous. On respectait le plan à la lettre. Je visais uniquement les caméras de surveillance visibles sur le train. Les autres faisaient leur boulot tranquille.
Il y a toujours un moment dans mon métirer où il faudrait percuter. Comprendre qu'un truc cloche, va de travers. C'est ce qui permet de rester en vie. Là je l'ai pas vu le problème. Pourtant il était épais. De la porte du wagon, sortit la troupe ennemie. Je m'attendais à une petite bande de mecs à peine protégés, mal armés et probablement en état d'ébriété. Ce n'était pas le cas. D'abord, ce sont deux fusiliers pannoc qui sortirent, flingues défouraillés et qui étaient pas manchos niveau baston, vu qu'ils ont abattu un des Yuan Yuans avant qu'il ait touché le sol. Derrière eux, et là j'ai cru avoir un arrêt cardiaque, un garde suisse. Un de ces mecs suréquipés, surarmés et surentrainés. Après ça, encore une dizaine de fusiliers, dont deux avec des armes lourdes, une sulfateuse et un lance-roquettes. J'en croyais pas mes yeux.
Nos trois sauteurs survivants sont arrivés au sol principalement pour se faire massacrer. Le banquier s'en est mieux sorti que les autres parce qu'il est tombé de l'autre côté du wagon. Sur le coup, j'avoue l'avoir perdu de vue et m'en être complètement foutu. Izrak, mon pote turc et le boss sont tombés comme des bouses sur le sol, criblés de balles.
De notre côté, le spitfire de l'odalique faisait de petites merveilles dans les rangs des fusiliers, mais le suisse était beaucoup trop protégé. Nos adversaires se sont trouvé des couverts à proximité du wagon et ont vite localisé où nous nous planquions. Le déluge de balles a été terrible. J'étais planqué derrière la ligne de crête du talus mais j'avoue que je faisais pas le malin. Surtout qu'à un moment, j'ai vu l'odalisque s'effondrer. Touchée à la tête. En risquant un coup d'oeil de son côté, je voyais que l'ingénieur pannoc était dans un état encore pire. Il n'avait probablement pas eu le temps de se planquer puisqu'il était allongé au sol avec plusieurs horribles blessures dans le dos.
Si je comptais juste j'étais tout seul sur ce coup là désormais. Le coucou des Yuan Yuans avait probablement foutu le camp, je n'entendais plus son ronronnement. Curieusement, alors que tout autour de moi me disait de partir, j'ai été pris d'un élan d'héroisme.

tita758

J'aime pas faire ce genre de trucs en général. C'est plutôt les cloches ou les givrés qui font les actions d'éclat. Accessoirement, c'est en évitant ce genre de coups que je suis resté en vie jusqu'à maintenant. Bref, j'ai craqué. Sur le coup ça m'a paru être une bonne idée, maintenant que j'y repense, je devais pas être dans mon état normal.
J'ai tendu la main gauche vers le spitfire de la miss descendue à côté de moi et de la main droite j'ai agrippé fermement mon DEP. Je me suis levé et avant que qui que ce soit en contrebas ait eu le temps de me repérer, j'ai vidé le DEP. Au moment où j'appuyais sur le gros bouton rouge, j'ai vu le garde suisse se planquer à couvert dans son wagon blindé et la dizaine de fusiliers pannocs encore en vie se baisser ou carrément se mettre la tête dans la boue. Faut dire qu'un tir de DEP direct dans la face, ça n'a jamais fait de bien à personne. Ils se sont juste gourés du tout au tout. C'est pas eux que je visais.
Mon tir a touché exactement ce que j'espérais. J'avoue que je suis pas manchot niveau gâchette. L'explosion de la motrice a surpris tous les pannocs. Un tir au but magnifique, juste sous le compartiment moteur, là où c'est le moins blindé à cause des surgénérateurs. L'explosion a été magnifique. Les wagons blindés ont fermé leurs portes d'urgence anti-explosion, bloquant le garde suisse à l'intérieur. Au moins six fusiliers ont été tués dans l'explosion et les autres se sont retrouvés propulsés par le souffle. J'ai changé le spitfire de main et tiré sur tout ce qui semblait encore bouger.
Si je comptais bien, les fusiliers étaient tous dessoudés et le garde suisse en train de prier dans son tombeau blindé et scellé. J'étais hors de danger. Pour la suite, c'est la curiosité qui m'a poussé. J'ai voulu voir ce que mes employeurs étaient venus chercher. Si c'étaient vraiment des banques de données, j'étais pas équipé pour repartir avec mais j'aurais pas compris.
Pourquoi une telle escouade aurait protégé de simples banques de données? Je suis pas un idiot. Du moins pas complètement. Un simple convoi de banques de données ne serait jamais escorté par un garde suisse. Ces mecs-là sont des tueurs. Le genre moins sanguinaires que nous, les Druzes, mais tous ultra-compétents, sur armés et capables de changer le cours d'une guerre d'un claquement de doigt. Le mec qui n'a rien à foutre dans un combat d'arrière-garde. J'ai récupéré la dernière charge creuse sur le corps du pannoc qui nous accompagnait. J'avais regardé comment il s'y était pris pour les mettre en marche la première fois, avec un peu de bol, je pourrais m'en sortir.
J'ai fixé la charge sur la porte blindée et commencé la manipulation. Sans guide d'instruction, je pensais que je ramerais pendant longtemps mais finalement non. Ingénieur de combat c'est pas un métier difficile finalement. Le trou dans le blindage était assez large pour faire passer un rhinocéros.  Je me faufilais dans l'ouverture et observais l'intérieur. La lumière entrait peu dans le wagon blindé, mais c'était pas gênant au final. Il n'y avait presque rien dedans. Juste au milieu. Un bloc rectangulaire, de la taille d'un homme avec un drap jaune et blanc qui reposait dessus façon nappe. Je me suis approché et viré le drap dans un coin. Dessous, il n'y avait qu'une caisse noire, dont le couvercle n'étais pas scellé.

Pitaine

Un instant, j'ai cru qu'il allait se faire péter avec la charge creuse ce con ;D
Pirate un jour, Pirate Toujours!

Venez lire les Bons Rapports de Bataille de Gryff et Pitaine:
http://gryff-et-pitaine.fr/?page_id=709

tita758

J'ai fait le tour de la petite boîte deux fois, par prudence. Je l'ai déjà dit, je suis pas dingue. J'ai posé l'oreille contre la caisse mais pas un bruit à l'intérieur. Par contre dehors, un véritable boucan. J'entendais des tirs de fusil combi. Je croyais que tout le monde était canné mais il y en avait au moins un qui s'amusait avec son arme en ce moment. Les rafales s'approchaient. Après chaque tir, j'entendais une voix. Humaine. Mais pas rassurante. Ça parlait une langue que je comprennais pas. Ok, je suis pas linguiste. J'ai des bases en chinois et en anglais pour le boulot mais là, je calais pas un mot.
J'ai flippé.
Vite à couvert derrière la caisse, tant pis si c'était bourré d'explosifs à l'intérieur. Le canon de mon propre combi en direction de l'ouverture dans la paroi du wagon. La voix s'approchait. Le combi de l'exterieur tirait toujours à intervalles répétés. C'était la sixième salve déjà. A la septième salve, j'étais trempé de sueur, puis je l'ai vu.
Le tireur mystère s'est posé contre la paroi du wagon dans lequel j'étais. Dos contre le trou qui j'y avais fait. Il pointait son flingue vers l'exterieur, puis vers le sol. Il jetait des coups d'oeil à droite à gauche. J'étais à deux doigts de tirer. Un beau tir à la base du crâne pouvait mettre n'importe qui hors jeu. A l'instant précis où j'allais cliquer, le mec s'est retourné. J'ai failli me faire dessus. C'était mon employeur.
Le mec genre banquier s'en était sorti. Les têtes de faux-culs s'en sortent toujours. C'est un drame de la vie. J'ai compris à ce moment qu'il avait liquidé les pannocs survivants, fallait pas laisser de traces. Ça au moins, c'était dans le plan d'origine. Je sais pas s'il m'avait vraiment vu, il a passé son arme en premier dans le trou de la paroi, puis s'est glissé à l'intérieur. Je me suis levé et l'ai appellé avant qu'il n'ait le temps de reprendre son arme. Qu'est ce qu'on leur apprend dans leurs écoles à ces types? A entrer dans des endroits pas franchement sécurisés juste après un massacre en lachant son arme et en esperant que tout ira bien? Ça m'a rassuré. J'étais pas face à un vrai pro qui la jouait débutant. En me voyant, il a souri. Un sourire façon grimace. J'aime pas.
Il sortit une lampe torche de sa combinaison et balaya l'intérieur du wagon de son rais de lumière. J'avançais ma main sur la boîte mais il m'interdit d'y toucher. Il avait d'autres trucs dans ses poches. Des bidules électroniques à première vue. Il m'en tendit deux et garda les deux autres et m'ordonna de poser les deux machins dans chaque coin du wagon.
Quand j'y repense, je me dis que je suis le pire des abrutis.
A peine retourné vers un des coins où je devais aller, j'ai senti un gros coup sur le crâne. Puis plus rien.

Zarachi

Citation de: tita758 le 04 Juin 2010 à 07:42:38
Quand j'y repense, je me dis que je suis le pire des abrutis.
Pas faux :p
Mais il n'est toujours pas mort, donc c'est pas fini !

Need plus d'infos sur la caisse, un cube noir c'est pas assez précis ça, je veux savoir ce qu'il y a dedans ;D

hamstersamourai

très bon

simple à lire dans le sens où le français utilisé est "simple", pas de grandes descriptions interminables, de l'action violente et rapide, les sentiments du perso principal sont bien restitués.

en gros, j'aime lire ce genre de "littérature"

continue comme ça, on kiff' ^^

Pitaine

Citation de: Zarachi le 04 Juin 2010 à 12:39:41
Need plus d'infos sur la caisse, un cube noir c'est pas assez précis ça, je veux savoir ce qu'il y a dedans ;D

Pas de soucis. Moi et mes gars, on fait de bon tarif pour ce genre d'opé!
Pirate un jour, Pirate Toujours!

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tita758

Les infos pour ce qu'il y a dans la caisse noire sont pour plus tard.
Sauf s'il y a des dispositifs hacking plus sur vos becanes

tita758

Tout le monde a son astuce contre le mal de crâne. Là j'y ai pas eu droit.Quand je me suis réveillé, j'étais trempé, en uniforme Haqqislamite, attaché sur une chaise face à deux géants qui me hurlaient dessus en allemand. Mauvais réveil. Je savais pas combien de temps j'étais resté hors service. Et je savais encore moins ce que je foutais là, dans cette tenue, face à deux brutes qui auraient bien eu leur place dans un mauvais film d'action du siècle dernier.
Je vous décris pas le décor, sinistre, à cause du plus petit des deux – le plus teigneux peut être – qui me colle une mandale. L'autre me parle. Il change de langue. Je sais reconnaître quand on me parle allemand, j'ai bossé avec des teutoniques une fois ou deux, mais de là à comprendre, surtout quand on me tape dessus, c'est une autre histoire. Il s'exprime dans un arabe assez simple à comprendre mais avec un horrible accent germanique.
Deux conclusions arrivent dans mon petit cerveau. Ces mecs sont des pannocéanniens d'Europe de l'ouest. Facile à deviner. Ces types ont un héritage plus ou moins raciste qui leur donne l'impression que dès qu'un mec est basanné, c'est un arabophone. Et bizarrement, ça leur donne envie de nous taper dessus. Sur le coup, ils ont pas tort, c'est ma langue maternelle, mais pour les baffes, je suis pas complètement pour. Deuxième chose. Ce sont des pros bien formés. Ils me jouent le rôle du teigneux et du gentil qui me parle dans ma langue, les mandales font mal mais les mots rassurent. Dans quoi j'ai pu encore tomber?
Sans faire de pause, ils nous accusent, moi et mon gouvernement – mon gouvernement? Va falloir arrêter de me prendre pour un haqq- d'avoir attaqué un convoi militaire, tué l'escorte – c'est presque juste – et d'avoir détruit le contenu du wagon – la dernière fois que j'étais réveillé, le wagon et son contenu étaient intact. Mais aussi, d'avoir étouffé l'un des leurs dans un wagon sans air. J'ai compris.  J'étais effectivement mal tombé. Des gardes suisses. Et des rancunniers visiblement. J'ai essayé de leur expliquer qu'ils avaient tort, leur dire qui j'étais, ils ne m'ont pas cru.
Comme n'importe quel sadique vous le dira, quand un mec est attaché sur une chaise et que tu veux entendre quelque chose sortir de sa bouche, il n'y a qu'un moyen, taper dessus. C'est ce qu'ils ont fait.
Sans intérêt.
Ils ont probablement fini par comprendre que je ne dirais rien qui correspondait à leurs attentes. L'un d'eux a sorti une télécommande et a appuyé sur quelques boutons. Il m'a fait un vilain sourire méchant et quelques minutes plus tard, un nouveau type, un grand brun, moins costaud, est arrivé poussant un analyseur de Cube. Quand je dis que ces mecs sont débiles. Tout le monde sait qu'un Haqq n'a quasimment jamais de Cube et ils me sortent le matos lourd. Au moins ils sauront deux trois trucs.
Pour faire court, c'est le genre d'appareil qu'on avait déjà utilisé sur moi auparavant. Ça fait pas mal, ça pique légèrement à l'arrière de la tête, mais ça extirpe tout un tas d'infos du Cube. Qui on est, d'où on vient, une partie des souvenirs. J'étais pas assez riche pour disposer d'un brouilleur de Cube, résultat, au bout d'un quart d'heure, ils avaient toute l'histoire. Ils savaient qui j'étais, ce que je faisais dans la vie, et pas mal d'autres trucs un peu intimes. Désagréable au possible. Les trois types sont sortis, fermant la porte à clef derrière eux. J'étais dans le noir, assis et attaché. Il ne me restait qu'à m'assoupir et attendre ce que décideraient mes bourreaux.

tita758

Je suis resté six mois prisonnier des suisses. Heureusement, ils étaient plutôt détendus et ça se passait bien. J'étais nourri et logé gratos en quelques sorte et les geôliers m'ont bien traité. Dans l'ensemble.  Ça faisait un moment que je m'étais pas retrouvé prisonnier. La première fois, c'était au cours de ma deuxième mission pour la mafia Druze. Les patrons au pays m'avaient envoyé servir de garde du corps à un baron de l'industrie agroalimentaire du sud de l'Égypte. Le mec valait un gros paquet de pognon pour nous et on lui avait envoyé trois protecteurs. Moi compris.
On tournait par équipes de deux pour assurer sa sécurité et un jour, je me suis fait avoir. En l'espace d'un instant, l'air était empli de gaz fumigène et quand le tour fut dissipé, l'industriel était mort. L'autre garde du corps m'a accusé et on m'a descendu au trou. Ils ne m'ont libéré qu'un mois plus tard, quand le numéro deux du groupe a été tué exactement de la même façon, un jour où mon accusateur devait le protéger. Après enquête, on a découvert que c'était un Hassassin d'Haqq. Je dois reconnaître que c'était un bon.
La dernière fois où on m'avait capturé, c'était la situation inverse. J'avais été payé pour abattre un type. Un patron de syndicat je crois. Je me fais embaucher comme garde du corps. On se retrouve plus ou moins dans la même situation avec un autre type. Je lâche mon fumigène au sol, la fumée s'évade et je frappe. Ma seule erreur a été que la fumée m'a gêné et j'ai tué l'autre garde du corps. Quand la fumée s'est évaporée, j'étais face à ma cible, bien vivante et un corps au sol que je ne pouvais plus accuser en vain. J'ai réussi à avoir ma cible mais ça s'est avéré beaucoup plus compliqué que je ne le pensais au départ.
Tout ce que j'espère, c'est de ne jamais finir prisonnier dans les mains des Yuyu. Ces types sont de vrais salauds il parait. Ils laissent crever les prisonniers de faim, les font bosser gratuitement, ne chauffent pas du tout les cellules. En gros, ils ne respectent en rien la Convention de Concilium. Je dis pas que je suis un exemple à suivre, mais eux sont vraiment hors des limites. Par contre, mes petits suisses font des hôtes parfaits. Pour un peu, je demanderais à rester façon camp de vacances.
Pour être honnête, six mois, ça passe pas vite. Faut dire qu'il y a peu d'occupations dans ce genre de cabane. J'ai compris qu'il se passait un truc de spécial le jour où le grand qui m'amenait la bouffe n'est pas entré tout seul. Il était avec deux types moins baraqués et chauves en costard et ils portaient tous les deux des dossiers sous le bras.