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(Récit) Bienvenue en terre inconnue

Démarré par tita758, 19 Avril 2012 à 12:41:04

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tita758

J'étais arrivé sur la planète depuis quelques heures. Pour des raisons de sûreté défense, je n'ai pas le droit de donner le nom officiel de la planète, ni même son identifiant ou ses coordonnées. L'endroit où je me suis trouvé pendant ces quelques jours doit rester un secret militaire. Pour vous faciliter la lecture, je vais lui donner le nom que j'utilise depuis que j'en suis revenu : l'enfer.
On m'avait donné une mission assez simple au départ : explorer la zone, récupérer un maximum de données et rentrer. J'étais entraîné pour ce genre de choses, j'avais l'équipement nécessaire, une spécialisation militaire dans l'infiltration, l'infoguerre et les cyberattaques ainsi que des vivres pour les trois jours que cette opération devait durer. A tout hasard, on avait intégré à mon persoc un traducteur me permettant de comprendre la langue utilisée par les gards du camp d'en face. On m'avait désigné un objectif secondaire, un centre informatique de campagne qu'il fallait supprimer d'une façon ou d'une autre.
Je vérifiais les données standards de la mission sur le moniteur intégré à mon casque, validais l'acceptation de la mission et enclenchais le système de dissimulation.
Les pannocéanniens avaient coupé les générateurs de courant sur un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres. La ville se trouvait à quelques kilomètres mais je ne pouvais pas encore vraiment la voir, juste deviner une ombre furtive sur le fond nocturne. Je jetai un oeil en arrière et saluait rapidement mes camarades restés derrière moi, oubliant que j'étais déjà invisible.

J'ai parcouru la distance jusqu'aux faubourgs de la cité en gardant mon camouflage activé. D'après les données initiales de la mission, un déploiement trop proche de la ville aurait fait repérer l'astronef de transport et nous aurions été abattus avant de récupérer la moindre information.
Sur la carte que j'avais téléchargée, une ceinture de friches industrielles entourait une série d'anciens bâtiments d'habitation. Une fois passés ces bâtiments, je serai dans la ville et je pourrais m'intéresser à mes objectifs.
J'avançais prudemment jusqu'au couvert offert par une ancienne guérite. C'était sans doute un vieux poste de contrôle qui permettait d'accéder à l'usine qui s'élevait maintenant devant moi. Je restai accroupi quelques instants, le temps de jeter un oeil vers les ruines pour essayer d'y repérer une trace d'occupation, comme du feu ou de simples lampes.
Prudent, je décidais de ne pas me risquer à l'intérieur de l'usine, je longeais la clôture qui semblait former un grand carré et qui me permettrait de rester assez loin des murs où des sentinelles auraient pu me repérer. Le grillage était plus haut que moi mais usé par endroits, au point que je pouvais être assuré de trouver un passage vers les bâtiments suivants.
Sur ma gauche, l'usine désaffectée ressemblait à un fantôme, elle était gigantesque et menaçante. Je ne faisais pas un pas sans regarder vers ce monstre, attentif au moindre signe de mouvement ou à la moindre lueur. A quelques centaines de mètres sur ma droite, apparaissait une autre structure industrielle.
Comme je l'esperai, le grillage qui délimitait le territoire de l'usine était usé aussi à l'opposé de mon point d'arrivée. Je traversai un des trous puis vérifiais sur mon persoc l'état de mon avancée et celui de mon équipement. Il me restait une petite heure de marche dans les faubourgs avant d'arriver à la ville proprement dite. Mes équipements étaient toujours efficaces, tous les voyants étant au vert. La batterie du système de dissimulation indiquait 99,9%. J'étais confiant.

Cedwfox

Yay !! Ca fait plaisir de te voir de nouveau ecrire ! :)
On dit GENERALISTE, pas Vanilla. La vanille c'est un parfum de glace (ou de yaourt) !

tita758

Merci beaucoup

j'ai fait une pause "écriture pour infinity" pour me concentrer sur d'autres travaux (plus grand public et beaucoup moins SF)

ça fait plaisir quand même de refaire un petit texte sur cet univers

jabberwock

Genre, c'est pas toi qu a ecris le scenar de ''detective K''... ;D
Sinon comme ced, ca fait plaisir  ;D

tita758

Non mais je cherche quand même un éditeur :)

plus en rapport avec ce récit, la suite demain

tita758

20 Avril 2012 à 06:48:12 #5 Dernière édition: 24 Avril 2012 à 17:38:19 par tita758
J'étais déjà passé devant les locaux d'une demi douzaine d'usines désaffectées quand j'ai fait face au premier obstacle. Le soleil se levait et je voyais enfin les bâtiments que j'avais devinés et contournés dans l'obscurité jusqu'ici. Je profitais de l'abri que m'offraient un camion et sa remorque pour faire une petite pause, dissimulé entre les roues gigantesques de l'appareil. Je grignottais quelques unes de mes barres de nourriture et sirotais un peu d'eau fraîche.
J'en profitais pour vérifier encore mes appareils et faire un rapide tour des données cybernétiques environnantes. Je commençais à percevoir les flux de données échangés par le terminal ennemi mais celui-ci était encore trop lointain pour mon dispositif de campagne. Il ne semblait pas y avoir de répétiteur ou d'utilisateur relais à proximité. je m'apprêtais à quitter mon abri, je passais la tête la première en direction des anciens immeubles d'habitation quand j'aperçus, à une centaine de mètres sur ma droite, dans la direction que je comptais prendre, des formes humanoïdes en train de bouger. Je m'immobilisais immédiatement.
A quelques mètres devant une ruelle entre deux grands immeubles, se trouvaient trois hommes en uniforme. J'étais encore assez loin mais j'avais l'impression qu'ils venaient de se réveiller, je les voyais s'étirer et se rapprocher d'un dispositif électrique primitif. Je les ai observé quelques minutes. Ils se sont assis et ont commencé à discuter, une tasse à la main, après s'être servis de l'appareil électrique. Les trois hommes me bloquaient plus ou moins le passage vers ma destination, leur petit campement apparemment improvisé étant le chemin le plus court entre deux immeubles. J'allais devoir prendre quelques risques.
Toujours invisible, je m'approchais des trois hommes. Sans bruit. Attentif au moindre de leurs mouvements. Par prudence, je serrais toutefois fermement mon fusil dans le creux de ma hanche, prêt à faire un carnage. Maladroitement, alors que j'observai les hommes, j'ai marché sur quelque chose, il y a eu un craquement, une sorte de bruit en trop qui a fait sursauter deux des trois hommes.
Ils tournèrent la tête vers moi. Je savais qu'ils ne pouvaient pas me voir mais ils pouvaient deviner ma présence en raison de la diffraction de la lumière sur mon armure. Ils n'avaient pas de masques à infrarouges ou d'appareils de détection sur eux, mais ils pouvaient en avoir à portée de main.
Me maudissant intérieurement de ma maladresse, je m'écartais sur ma gauche en faisant bien attention à ne pas faire de nouveau bruit. L'un des hommes tendit le doigt vers mon ancien emplacement. C'était la première fois que je ressentais la peur.
Deux des hommes prirent un fusil, le troisième scrutait le paysage à ma recherche. Je n'osai plus bouger. Les deux hommes armés s'avançaient, cherchant des traces de passage ou des indices de ma présence. Ils n'étaient plus qu'à une dizaine de mètres de moi quand l'un d'eux tourna les yeux dans ma direction. Il n'en avait pas conscience mais il me regardait droit dans les yeux.

Néo sinister

C'est la première fois (me semble il) que je lis quelque chose de toi tita758. Et je regrette que ce ne soit que maintenant que je te découvre!
Félicitation, beau travail d'écriture. Tu as fait d'autre textes ? Où peut on les lire ?


Juste une petite faute dans le 1er texte :
Citationon avait intégré à mon persoc un traducteur me permettant de comprendre la langue utilisée par les gards du camp d'en face
Gardes ou gars ?

tita758

Gars... Je tape avec des moufles :)

Merci pour le commentaire

Tu peux trouver les autres textes quelques messages plus bas :
- Prototype quatre
- l'affaire Hassan Khandr (scindée sur trois messages)

Pitaine

Fidèle au poste!

Bon, on lance un Quiz sur l'identité de notre mystérieux héro? ;D

Y'aura des pirates?
Pirate un jour, Pirate Toujours!

Venez lire les Bons Rapports de Bataille de Gryff et Pitaine:
http://gryff-et-pitaine.fr/?page_id=709

tita758

23 Avril 2012 à 06:06:49 #9 Dernière édition: 23 Avril 2012 à 06:15:58 par tita758
La cadran interne de mon viseur indiquait que quelques dixièmes de secondes seulement s'écoulèrent mais j'ai eu l'impression que le face à face avait duré des heures. Le pannocéanien fronça les sourcils un court instant. Je me sentais pris au piège.
Son collègue l'appela : « Gardien / trésor, venir / aller ici*. » en tendant le doigt dans la direction opposée. Ils visaient maintenant tous les deux le coin de l'immeuble sur leur gauche. Le troisième homme regardait dans la même direction, il avait attrapé la poignée de l'appareil électrique et semblait prêt à se battre avec. Je remarquais alors le liquide contenu dans le récipient fumant. Cet homme était le moins dangereux des trois.
Je m'en suis approché, le plus discrètement possible. Il ne bloquaient pas complètement mon passage pour la suite de ma mission mais j'avais l'impression que ces trois hommes seraient une épine sérieuse dans mon pied si je choisissais de revenir par le même chemin.
L'homme s'était un peu avancé dans la direction de ses camarades. Je m'étais approché à une dizaine de mètres de lui. Il me dépassa puis s'immobilisa, tendant sa cafetière d'un air menaçant. Je me faufilai. Finissant par coller mon dos contre le mur d'un des immeubles. L'homme à la cafetière était à une douzaine de mètres devant moi. Je passais la tête dans la ruelle pour vérifier qu'il n'y avait pas d'autre soldat dans les parages puis me résolus à passer à l'action.
L'homme me tournait toujours le dos. Je me plaçais en silence juste derrière lui. La chance était avec moi, il n'avait rien remarqué.
A trois mètres de son dos, je sortais une mine de mon sac.
A deux mètres, je rangeais mon fusil dans son étui sans un bruit.
A un mètre, je plaçais la mine sur le sol et l'activais, d'un geste lent, sans quitter le dos de l'homme des yeux.
A vingt centimètres, je sortis un couteau de combat et le lui plantais entre les homoplates. L'homme s'effondra dans un soupir, laissant échapper la cafetière brûlante de ses mains. Le récipient en verre explosa au contact du sol aspergeant ma victime et le sol de café brûlant. J'eu le temps de réactiver mon système de camouflage avant que les deux autres soldats ne reviennent. Ils ont vu leur camarade au sol et se sont avancés en tournant la tête de tous les côtés. Ils me cherchaient, toujours sans me voir. Ils savaient cependant que j'étais là, et maintenant que j'avais eu un des leurs, ils feraient tout pour m'avoir. Je voyais de la haine mêlée à de la terreur dans leurs yeux. L'un d'eux parla : « légende / mythe, fantôme / esprit, mort / destruction, zone* »
Je reculais. Jusqu'à dépasser de peu les coins des deux bâtiments. C'est à ce moment que les hommes sont entrés dans le champ de repérage de la mine que j'avais déposé. L'explosion les surprit tous les deux et les envoya au tapis. Je courrais dans leur direction pour m'assurer qu'ils étaient bien morts.
Je me souviendrai toujours de cette journée. Avant ça, j'étais un soldat, ce jour là, je suis devenu un tueur.

*Traduction fournie par mon appareil de traduction automatique et retranscrite telle quelle sans interprétation. D'après la notice, « l'appareil traduit les mots et expression en donnant la signification la plus probable et affiche ces mots les uns après les autres sans assurer leur mise en forme optimale et sans tenir compte de formes grammaticales complexes. Il peut en résulter des difficultés de compréhension en cas de discours complexe. Ne convient pas au moins de 36 mois. »

darkdoji

j'adore la notice du traducteur :D

sinon toujours aussi bon à lire, je suis resté scotché devant mon écran :D
Warcor Lyon

et la le Ninja hacker répondit à l'Avatar: bzzzzzzjopj! et celui-ci s'évanouit sous tant de violence ...

tita758

J'étais abasourdi par ce que je venais de faire. Je savais que ça risquerait de m'arriver un jour, mais je ne pensais pas que ça me retournerait autant l'estomac. On m'avait enseigné que la vie était précieuse, qu'il fallait y prendre garde et je me retrouvais désormais à commettre des meurtres sur cette planète où je posais les pieds pour la première fois.
Je ne me suis pas laissé beaucoup de temps pour réfléchir. J'ai vérifié les corps de mes victimes. Ils ne portaient pas d'ordinateurs personnels, leur matériel militaire était mal entretenu et ils n'avaient que deux fusils pour trois. J'en conclus qu'il s'agissait probablement de déserteurs qui s'étaient enfui avec le peu de matériel qu'ils pouvaient voler et avaient établi un camp de base avant d'essayer de fuir cette planète. Finalement j'avais facilité la tâche de mes adversaires en supprimant ces trois types.
Fouiller les corps et le camp de mes victimes m'avait rendu visible et j'enclenchais de nouveau mon dispositif de camouflage. Je faisais une petite pause le temps de me calmer puis décidais de continuer mon chemin, laissant les corps aux charognards.

La zone qui suivait les buildings était un secteur d'habitations. Il s'agissait d'immeubles de dix à quinze étages, tous bâtis sur des modèles semblables et orientés dans la même direction. Entre chaque immeuble il y avait une esplanade avec quelques arbres, des balançoires ou des véhicules terrestres, la plupart à l'état d'épave, tous à l'abandon.
Je traversais la première de ces places quand la fatigue commença à se faire sentir. Je choisis un bâtiment d'une douzaine d'étages dont les fenêtres avaient été soufflées par une explosion et montais au cinquième. Je n'avais jamais aimé les escaliers, mais j'avais besoin d'une position en hauteur pour m'assurer de ne pas me faire surprendre trop bêtement.
En mission d'infiltration ou de récolte d'informations, il faut dormir le jour quand on peut. Dans la pratique, la nuit, il n'y a que des sentinelles dans le camp ennemi et pas des mecs armés en train de s'entraîner ou de préparer un assaut. Et je crois qu'il est préférable d'affronter quelques sentinelles une à une qu'une armée complète.
Je trouvais à cet étage un appartement presque vide de quatre pièces. Je fis le tour de tout l'étage pour m'assurer qu'il n'y avait pas de danger, puis je posais mon paquetage dans une pièce un peu humide, dont la fenêtre donnait sur l'esplanade que je traverserais cette nuit. Je me posais dos contre le mur opposé à la fenêtre, immobile derrière un meuble en bois, sur une couchette sommaire faite de quelques coussins. Je débranchais mon système de dissimulation, grignottais quelques barres de nourriture, fermais les yeux et me laissais glisser dans le sommeil.

tita758

Citation de: Pitaine le 20 Avril 2012 à 18:10:16

Bon, on lance un Quiz sur l'identité de notre mystérieux héro? ;D

Y'aura des pirates?

J'ai une autre idée de quizz Pitaine, si tu veux :
traduire (dans un français lisible) les passages traduits par le persoc.
Ca pourrait être drôle (pour moi).

désolé pour le double post, ce message n'a rien à voir avec le récit :(
Et pas de pirates, désolé

gus

Agréable à lire, et j'aime bien le clin d'oeil aux règles infinity, notamment en ce qui concerne le dévoilement du TO et l'obligation de réenclencher le dispositif après une action autre que mouvement... ou la mine.

Bref, la maladresse de l'infiltré m'a fait tiqué mais on comprend ensuite que c'est sans doute sa première mission donc ça va, mais sinon on est bien dans l'ambiance.

Une petite faute seulement :

CitationPar prudence, je seRrais toutefois fermement mon fusil dans le creux de ma hanche, prêt à faire un carnage

Une autre petite critique pour le même passage, mais plus du détail :

CitationToujours invisible, je me suis approché des trois hommes. Sans bruit. Attentif au moindre de leurs mouvements. Par prudence, je serais toutefois fermement mon fusil dans le creux de ma hanche, prêt à faire un carnage. Maladroitement, alors que j'observai les hommes, j'ai marché sur quelque chose, il y a eu un craquement, une sorte de bruit en trop qui a fait sursauter deux des trois hommes.

Je pense que "toujours invisible, je m'approchais des trois hommes." serait plus approprié au regard des temps utilisés avant et après, même si on voit bien que l'alternance du temps employé et la succession de phrases très courtes qui suit montre ta volonté de démarrer une action. En fait c'est peut être plus une question de style que de conjugaison ou de syntaxe, je pense.

En tout cas : vivement la suite!

tita758

Je me réveillais quand le soleil se couchait. Je prenais un peu de nourriture puis réactivais mon camouflage. Par habitude, je vérifiais l'état des réseaux informatiques à portée, m'attendant à ne rien trouver. J'avais tort.
Un élément apparaissait à une distance difficile à déterminer. L'écho électronique sur mes scanners signalaient la présence d'une seule entité sur la place. L'entité était immobile pour l'instant. Sous couvert de mon camouflage, je me levais et m'approchais de la fenêtre d'où j'aperçus un drone militaire pannocéanien. La petite machine de guerre semblait se livrer à une inspection du quartier. Je vérifiais mon persoc, c'était le modèle de reconnaissance léger armé et équipé de scanner à court rayon d'action capable de me débusquer en quelques secondes si je m'approchais. Il vaquait entre les épaves stationnées là et tournait sur lui-même pour ses contrôles de routine.
En théorie, parasiter un drone n'est pas très compliqué. A l'entrainement, il suffit de quelques secondes pour se débarrasser ou prendre le contrôle d'un appareil de ce type. En réalité, il y a une multitude de petites particularités qui, en mission, rendent cette prise de contrôle presque impossible. D'abord, son scanner à ondes courtes fonctionne à la même distance que mes protocoles de hacking, par conséquent, si je m'approche assez près pour m'occuper de lui, il peut me repérer et signaler ma présence à son contrôleur. Ensuite, si le drone est détruit, son contrôleur s'en rend compte et je suis fait. Enfin, si je passe outre les commandes du contrôleur et qu'il s'en rend compte, il saura immédiatement ce qui se passe et je serai repéré.
Je me trouvais cinq étages au dessus du drone. Et il fallait absolument que je traverse la place sur laquelle il se trouvait. Pendant une seconde, je me suis dit que je pouvais le laisser passer et traverser quand il aurait quitté la zone mais je ne pouvais pas être sûr qu'il ne reviendrait pas sur ses pas à un moment donné ou qu'il resterait ici toute la nuit, me bloquant pendant des jours dans cet immeuble.
Comble de bonheur, la pluie commençait à tomber alors que j'étais en train de réfléchir à la fenêtre. Je n'aime pas trop la pluie. Quand il pleut, elle peut ruisseler sur le corps et un observateur attentif peut remarquer que quelqu'un est camouflé dans les parages. En cas de pluie très drue, il est même possible de voir la silhouette complète de la personne dissimulée. Avec de la chance, le drone serait affecté lui aussi par les conditions météo mais rien ne me permettait de l'affirmer.

J'ai mis pas mal de temps avant de trouver une idée. Et pour être tout à fait honnête, je ne l'ai pas eue tout seul. Après quelques minutes de pluie, il y a eu un coup de tonnerre. Le vent s'est levé. Puis un éclair. Celui-ci a fait réagir le système d'alarme d'un des véhicules garés un peu plus loin. Le drone a tourné ses senseurs dans la direction de la voiture, la sonnerie de l'alarme a fini par s'arrêter toute seule, faute de batteries probablement. Je me disais que je ne pourrais pas rester là définitivement. J'ai repris toutes mes affaires, vérifié la position du drone et suis descendu au rez de chaussée, dans le hall de l'immeuble, hors de portée du drone et où la pluie ne pouvait pas m'atteindre.

tita758

Une fois en bas, la visibilité médiocre m'handicapait beaucoup. Malheureusement, je ne devais pas que quitter mon abri pour éviter d'être repéré. J'étais accroupi en dessous d'une série de boîtes au lettres dont la moitié était défoncées, à côté d'une porte en verre dont il ne restait plus que la structure et les charnières. Je ne voyais quasiment rien de l'extérieur : un arbre sur la place, une ou deux voitures, et encore. La pluie tombait toujours, de plus en plus fort. Il y a eu des éclairs, c'était l'occasion que j'attendais.
J'ai activé mon système de piratage. En moins d'un centième seconde, j'avais trouvé l'endroit exact où se trouvait le drone ennemi, mais je restais assez éloigné pour éviter qu'il ne me repère, hors de portée. Je me suis installé confortablement, et j'ai lancé la navigation.
De l'extérieur, ça doit être un spectacle étrange. On a un type, tout seul, les yeux dans le vague, qui fait de minuscules gestes avec le bout des doigts et quelques secondes plus tard, dans le pire des cas, un machin tombe en panne, explose ou s'active n'importe comment. Je suis sûr que dans les civilisations moins évoluées, on nous prend pour des magiciens ou quelque chose comme ça. En réalité, pendant ces quelques secondes, il se passe des centaines de choses.
D'abord, on a l'impression d'entrer dans un océan de données qui se croisent, se suivent, s'encastrent et se bousculent. Au début, c'est terrifiant, on sent qu'on va se noyer. En tâtonnant un peu, on comprend que les marées qui agitent cet océan fonctionnent de manière logique. On peut suivre un courant jusqu'à sa source ou descendre ses affluents pour en explorer tous les recoins, à la manière dont un explorateur vérifierait chaque delta d'un fleuve.
Ensuite, on prend conscience des dangers de cet univers. Il y a d'abord la quantité d'informations. On a envie de s'y perdre, on a besoin de s'y noyer, de ne jamais en ressortir. En une seconde, on peut tout savoir, tout faire, revenir à la normale est presque impossible. C'est mieux qu'une drogue, mais l'accoutumance est immédiate. Il y a aussi les prédateurs, les pirates informatiques, hackers militaires dont je fais partie. Au début, on les esquive du mieux qu'on peut jusqu'à ce qu'on les rejoigne et que l'on fasse soi-même partie du banc de requins.
Cette fois, je me contentais de rester dans le petit bain. Je n'affrontais même pas le pilote du drone, je restais sur les ondes civiles, le réseau de base du quartier. J'y plongeais d'un coup et me retrouvais dans un univers publicitaire sans grand intérêt (Le nouvel Iphone 187... Enfin débugué. La Xbox 360180 avec de nouvelles couleurs...), mais surtout, mes cibles : les voitures qui entouraient le drone ennemi.
J'en localisais trois en état de répondre à mes requêtes. Deux d'entre elles étaient trop loin du drone, la troisième se situait juste entre nous, son pare choc avant orienté vers le drone. Je me suis glissé dans ses circuits. Pendant une seconde, j'étais devenu cette voiture. Je voyais à travers son système optique, sentais la pluie sur la carrosserie, puis j'ai activé le contact. Il y a eu un gros bruit quand le carburant fossile s'est enflammé dans le moteur.
J'ai relâché les gaz et lancé l'engin. Tout droit, le plus simplement du monde. La voiture roulait assez lentement mais sûrement, elle était lancée dans l'axe idéal, le drone n'a tout simplement pas eu le temps d'esquiver. Le pare-chocs du véhicule l'a percuté sur un flanc. Le drone s'est retourné sur le dos dans un bruit de métal compressé.

tita758

J'ai quitté le réseau cybernétique et suis revenu dans le monde réel. Il a fallu que j'avance un peu la tête pour me rendre compte du résultat de mon petit piratage. J'étais assez surpris du résultat pour être honnête, au point qu'en me levant, je me suis bêtement cogné dans une des portières de boîte aux lettres.
Le drone pannocéanien était retourné sur le dos comme une tortue et continuait d'agiter les pattes de son flanc gauche comme si rien ne s'était passé. La voiture avait continué sa course sur une trentaine de mètres, jusqu'au mur de béton de l'immeuble en face, entraînant avec elle une moitié du drone, en particulier son arme, les pattes de droite et la majeure partie de ses senseurs si ce que m'indiquait mon persoc était juste.
Première chose à faire avant d'aller plus loin, installer une mine sous l'épave de ma dernière voiture. Si quelqu'un avait la vague idée de venir vérifier ce qui s'est passé ici, il sautera avec les restes du drone. C'est cruel, mais c'est la guerre. J'ai vérifié mon système d'invisibilité, empoigné mon fusil combi puis suis reparti.

Le reste de la nuit a été assez tranquille. J'ai parcouru les quelques kilomètres de la banlieue pannocéannienne dans l'obscurité mais sans rencontrer d'obstacle majeur. Parfois, j'ai cru entendre des bruits de pas ou des voix, mais je pense que mon imagination me jouait des tours. C'est souvent comme ça paraît-il en mission.

Je suis entré dans la ville proprement dite rapidement. Il y avait une route assez large à traverser pour passer de la zone des immeubles à une zone d'habitations moins hautes mais plus fréquentes. Je n'aime pas trop traverser ce genre d'espaces à découvert. Mon persoc ne m'indiquait la présence d'aucune sentinelle, mais je traversais la route en courant, à tout hasard.
L'aube arrivait, le ciel serait bientôt rougi par les premiers rayons de soleil. Il me fallait trouver un abri pour la journée. En ville, c'est relativement facile, les patrouilles ne peuvent pas être partout et les capteurs fonctionnent mal. Habituellement, il vaut mieux éviter les toits ou les endroits où les drones peuvent trop facilement vous repérer. Il convient aussi de trouver un endroit à l'odeur désagréable peut détourner l'attention des chiens. Il paraît que certains de mes collègues aiment se cacher dans les égouts.
J'ai trouvé un petit appartement tranquille, avec une seule fenêtre qui donnait sur une cour intérieure, au premier d'un immeuble de quatre étages. Assez haut pour avoir le temps de repérer l'arrivée d'un intrus, assez bas pour m'échapper par la fenêtre. L'appartement était encore meublé et j'ai pu passer une journée confortable, installé sur un canapé moelleux, hors de vue.

jabberwock

Faut t'envoyer qui pour avoir la suite d'un bloc?

tita758

Je viens de me dire que s'il m'arrivait quelque chose, vous n'auriez pas la fin...
(rire cruel façon Docteur Denfer)

la suite mercredi

si vous êtes sages

tita758


Je me suis réveillé alors qu'il faisait encore jour, mais la nuit commençait à tomber. Le ciel restait nuageux et il me semblait qu'il avait plu récemment, l'air était encore chargé d'humidité. Cette nuit, je me concentrerais sur l'objectif principal de ma mission, je devais étudier les routes d'approche pour l'attaque de nos forces au sol. Si je travaillais bien, je pourrai aussi repérer l'endroit où se trouve le terminal informatique qu'on m'avait demandé de détruire, mais ça me demanderait de la chance.
Dans le détail, cette nuit n'a pas été très intéressante. J'ai fait des relevés, des captures d'écran, des analyses topographiques et cybernétiques pour déterminer les meilleurs endroits où faire descendre des aéroportés ou sélectionner des routes d'invasion vers l'intérieur de la cité. J'étais comme une ombre qui se baladait sur les toits, sélectionnant les grandes artères, les voies de circulation, prenant quelques images puis repartant vers un autre lieu.

Pendant cette nuit-là, j'ai eu quelques contacts avec des sentinelles. Des groupes de deux ou trois soldats équipés sommairement patrouillaient avec des lampes torches de grande puissance et illuminaient les façades des bâtiments des grandes avenues qui constituaient ma cible. A plusieurs reprises, je m'immobilisais en les laissant passer, ma position en hauteur sur les toits combinés à mon système de dissimulation me garantissaient une certaine sécurité.
J'ai compté trois patrouilles, sept hommes dans les artères principales. Curieusement, aucun drone ni troupes équipées de scanners, de détecteurs de mouvements ou de lunettes optiques. J'ai fait plusieurs lectures du réseau informatique de la cité. Il ne semblait pas y avoir beaucoup plus d'activité que celle que j'avais repérée de visu.

Une fois les enregistrements transmis à ma base, je me suis concentré sur mon autre objectif. D'après les informations dont je disposais, les pannocéaniens avaient installé un système informatique de bonne qualité quelque part au centre ville. Le supprimer, ou du moins, l'empêcher de fonctionner, permettrait probablement une invasion plus rapide de la zone.
Je repérais l'endroit où se trouvait le système grâce à mon persoc. L'appareil était une sorte de répétiteur amélioré qui permettait aux cybercombattants de travailler aux alentours sans avoir à se déplacer. J'ai fait une plongée rapide dans le réseau local. C'est un peu la même chose que de sortir le périscope d'un sous-marin : on repère rapidement ce qui est autour de soit puis on redescend se planquer loin sous la surface avant de disparaître ou de frapper.
Apparemment, l'appareil était bien protégé. Je comptais au moins un hacker, difficile de déterminer s'il était bon ou non, il naviguait sur des réseaux civils à ce moment là, une unité d'infanterie lourde qui semblait en activité et une demi douzaine de soldats au vu du nombre de persocs, la plupart sans activité, probablement endormis. Autant dire que la base était trop bien défendue pour que je l'attaque de front, surtout tout seul.

Personne ne m'obligeait à effectuer cette mission. C'était juste un bonus après le repérage des couloirs d'attaque pour nos troupes. Je décidais de trouver un endroit où dormir et je finis par trouver un immeuble qui me convenait à quelques centaines de mètres de la station ennemie. J'étais normalement hors de portée de leurs scanners et j'avais choisi un bâtiment écarté des grands axes de circulation. Aucun danger.

J'ai été réveillé par un message sur mon persoc. L'heure de l'assaut sur la cité était avancée. Il me restait environ 22 heures avant l'attaque. J'ai vérifié mon matériel. Il me restait une mine, mes autres équipements étaient encore chargés et pourraient servir jusqu'à l'attaque sans problème. La batterie de mon système de dissimulation indiquait 67%. Aucun problème de ce côté là.
Je mangeais rapidement en essayant de trouver une solution à mes options pour la nuit. J'avais un plan un peu basique qui nécessiterait de laisser ma dernière mine à proximité de l'appareil adverse et la laisser exploser au moment où quelqu'un s'approcherait. Mais il restait le risque que celle-ci soit découverte ou ne détonne pas correctement. Je songeais ensuite à attaquer de front et prendre d'assaut la base ennemie seul. Mais j'ai choisi d'être raisonnable.

J'ai réactivé mon système de camouflage et empoigné mon arme. Je devais me faufiler et je savais d'avance que ce serait difficile.
L'immeuble où se trouvait le répétiteur était une petite bâtisse de trois étages, sans cour intérieure coincé entre plusieurs bâtiments à moitié en ruines. En face, il y avait quelques positions intéressantes pour un tireur embusqué où j'ai passé quelques minutes à préparer mon approche.
J'ai bien étudié les lieux. Au niveau de l'entrée, il y avait deux sentinelles armées. Sur le toit, il y en avait deux autres, assis dos à dos qui scrutaient les toits des bâtiments qui leur faisaient face. Dans l'immeuble, une seule pièce semblait éclairée, j'y voyais régulièrement une ombre qui passait mais j'étais incapable de dire ce que c'était avec précision.
Le bâtiment sur ma droite était une véritable ruine, les murs avaient l'air de s'effriter encore plus à chaque fois que j'y jetais un oeil, impossible d'aller par là. De l'autre côté, les ruines m'offraient une protection et me permettraient probablement de m'approcher assez près du répétiteur pour le pirater efficacement.

J'ai quitté mon abri temporaire et fait le tour du pâté de maisons éloigné du bâtiment cible, histoire d'éviter les sentinelles. Et après une petite dizaines de minutes, j'entrais dans le bâtiment en ruine voisin de ma cible. Je vérifiais mon environnement à chacun de mes pas. J'avais compté jusqu'ici au moins six personnes éveillées et je ne me sentais pas de les affronter tous.
Je me suis installé dans un petit coin à l'abri, contre le mur de l'immeuble de ma cible. Devant moi, j'avais un couloir d'une dizaine de mètres qui me permettrait de m'échapper, de rejoindre rapidement la rue si les choses tournaient mal et de disparaître.
Je respirai un grand coup puis lançais mes protocoles. J'ai plongé de nouveau, directement dans le réseau ennemi. Je voyais les flux de données du répétiteur cible, il était protégé par plusieurs barrières mais rien d'infranchissable. Je touchais du doigt la première sécurité, il m'a fallu quelques centièmes de seconde pour la noyer. La deuxième était plus délicate mais je la coulais sans problème.