Nouvelles:

Pour des raisons de sécurité, les liens hypertexte sont bloqués pour vos 2 premiers posts et inactifs pour vos 10 premiers posts. Merci de votre compréhension.

(récit) Paradise [avec la participation de Kawal]

Démarré par gus, 08 Juin 2012 à 09:49:03

« précédent - suivant »

gus

08 Juin 2012 à 09:49:03 Dernière édition: 19 Juillet 2014 à 07:24:24 par gus
En tentant de faire un peu d'intrigues, pardonnez mes capacités romanesques limitées mais j'espère que la lecture, même longue, ainsi que le trame vous siéront.

edit : Je remercie Kawal qui vérifie avec soin, rigueur et assiduité que je ne prenne pas trop de libertés avec la langue de molière, ses codes et sa musicalité.



Nation nomade
Vaisseau mère TUNGUSKA
Barangais SC-701 - siège social de NGAI FINANCE SERVICES CORPORATION (NFSC)
Bureau du président directeur général monsieur Mwinda  Na Taïba


-Votre invitée est arrivée Monsieur le président", rapporta l'IA de maintenance de cette voie féminine si singulière, sans âme malgré les efforts de personnalisation fait par les horlogers de Bakunin.

-Ambiance montagne", ordonna Mwinda alors qu'il quittait le bar de son luxueux appartement pour rejoindre son confortable fauteuil en lévitation au centre de la pièce, entouré d'un bureau circulaire auréolé de la fluorescence de l'informatique quantique et holographique réceptionnant et émettant des centaines de données à la micro-seconde.

Son verre de whisky des meilleures cuves calédoniennes en main, Mwinda, méditatif, contemplait l'IA faire son travail. La climatisation silencieuse réglait minutieusement la température de la pièce pour la rafraîchir et supprima la tension alimentant un air chargé d'électricité nécessaire à la précédente ambiance : les violents orages centrafricains que Mwinda affectait tant lors de ses temps de repos.

La musique culturelle Maasaï en fond sonore comblant les vides entre deux frappes de foudre s'amenuisa jusqu'à n'être plus qu'un vague souvenir aux oreilles du PDG. Les dalles photoémettrices recouvrant le sol, le plafond, et les murs éclipsèrent le paysage nocturne d'une plaine africaine tourmentée par les éclairs de l'orage diffusé en réalité augmentée pour laisser place à l'environnement bien plus calme du sommet du Kilimandjaro. La luminosité éblouissante d'un horizon enneigé s'intensifia peu à peu par accommodation pour la vision de Mwinda.

Le simple fond sonore d'une douce brise et la circulation accélérée à localisation aléatoire de l'air ventilé trompait l'esprit humain et ses sens au point d'avoir la véritable impression de se trouver au beau milieu de l'un des plus vertigineux sommets enneigés de la Terre.


- Ambiance terminée Monsieur le président", déclara presque fièrement l'IA.

- Bien, liaison avec l'officier Sharpova. Officier, faites entrer l'invitée je vous prie".

gus

08 Juin 2012 à 09:57:10 #1 Dernière édition: 19 Juillet 2014 à 07:36:17 par gus
Le sommet d'un pic lointain et une partie du ciel nuageux se déroba à l'ouverture du sas qui combla l'immense vide alentour par la présence de deux nouvelles personnes, l'officier securitate et une femme d'âge adulte, brune et matte, typique de Corregidor. Le port altier, droite et svelte, trahissait l'appartenance de la latine à une institution militaire. Le regard froid et les traits durs se prêtaient exagérément bien à cette déduction.

- Ah ! Sergent Kira Damas!" S'exclama Mwinda en écartant les bras.
"Venez prendre place, vous ne m'en voudrez pas si je ne me lève pas, je suis bien trop vieux pour ces courbettes hypocrites. Laissez nous officier Sharpova."

Soudain, un second fauteuil s'éleva du sol venant briser l'image montagnarde, lui aussi lévitant par sustentation électromagnétique, du bling-bling pour Kira qui se sentait toujours plus à l'aise sur une chaise dotée de pieds. La politesse voulait qu'on ne refuse pas cette offre et elle s'installa sur le fauteuil volant. Un léger rebond plus tard, le temps que l'IA calcul le poids de l'invitée et règle les bobines et aimants en conséquence, et le PDG repris :


- Bien, vous êtes la fille d'un militaire originaire du module Praesidio et d'une mère technicienne venue de Lazareto. Un pur produit de Corregidor et un croisement intéressant si j'ose dire. Vous intégrez les mobiles brigadas après plusieurs campagnes et vous avez même participé à l'incident de la C-7. Bref, vous y rencontrez Hernando Lopez votre mari avec qui vous aurez rapidement un enfant, le petit Alexandro n'est-ce pas? Et vous voilà maintenant dans le bureau central d'une puissante société de services financiers sur ordre de votre supérieur alors que votre propre compte en banque est presque constamment dans le rouge, dépensière?... A votre avis, que pourrions nous échanger?"

- Je ne connais pas beaucoup de banques qui détiennent un fichier client aussi détaillé que le vôtre", répondit sèchement Kira.
"Vous m'avez montré que vous connaissiez mes origines, j'en déduis que c'est pour me faire comprendre que vous avez des informateurs. Vous n'avez pas omis de me parler de ma famille, très certainement pour me faire chanter si je refuse ou si j'échoue, ce pourquoi vous vous doutez que je n'hésiterai pas à vous égorger le cas échéant. Vous insistez sur mon compte bancaire, je suspecte donc que vous ayez besoin d'un homme d'armes, ou d'une femme en l'occurrence."

- Évidemment", rétorqua le massai.
"ce n'est pas difficile à comprendre. Mais posez-vous la question, pourquoi vous ?"

- J'avoue que votre raison n'est pas forcément logique", repris la mercenaire.
"Je ne suis pas vraiment habituée à effectuer des missions sans ma section même si j'ai déjà honoré quelques contrats privés pour me faire des extras, mais vous êtes sans doute au courant. Je fais partie de l'élite sans être de loin la meilleure, je n'ai que des compétences limitées au contact et à la garde rapprochée et je ne maîtrise aucune autre spécialité. Non, je vois pas, ah si ! Peut être oui, peut être que vous cherchez à m'engager parce qu'un de vos soi-disant concurrents m'avait déjà engagé pour escorter un convoi contre une éventuelle attaque de votre compagnie qui ne s'est jamais produite mais qui m'avait conduit à enquêter sur vous. Soi-disant concurrent oui, car j'ai bien sûr poussé un peu l'enquête m'être rendu compte de la mauvaise comédie de l'équipage que j'étais sensé gardé. Devinez ce que j'ai trouvé? Que ce concurrent n'était autre qu'une de vos filiales secrètes créée pour l'occasion avec une histoire complètement fictive. J'en sais sur vous, vous en savez sur moi, un lien de confiance peut s'instaurer et vous me choisissez."

- Hum... "Mwinda tressait pensivement sa barbe blanche, barbe qui contrastait étrangement avec la peau cramoisie et ridée de son propriétaire qui n'avait apparemment jamais eu recours aux traitements de rajeunissement.
"Vous comprenez donc que si nous avons monté ce plan, et au vu de ce que nous a coûté l'appareillement d'un vaisseau pour une mission d'une telle absurdité en apparence, c'était tout simplement pour appréhender au mieux votre comportement en mission. Un test, dont vous seule avez réussie l'examen d'entrée si je puis dire. Mais vous oubliez que vous n'êtes pas qu'un soldat, vous êtes aussi chef de section et, selon les ragots, d'une autorité et d'un charisme à diriger tout un régiment au feu. Et puis, qui vous dit que nous avons besoin de vos bras? Vous ne serez pas seule et c'est de votre tête dont j'ai besoin. J'ai besoin d'un chef. Une personne qui sache faire les bons choix au bon moment."
"IA, fin d'ambiance."

gus

08 Juin 2012 à 10:01:02 #2 Dernière édition: 24 Juin 2012 à 09:54:57 par gus
La discussion s'interrompit un instant. Les effets sonores, visuels et sensoriels de l'illusion s'estompèrent pour faire apparaître la véritable pièce. Au bureau perdu au milieu des plus beaux sommets s'ajoutait dorénavant un bar et quelques œuvres d'art d'une Afrique lointaine accrochées aux murs ou exposées sur des plateaux lévitant. Un dispositif qui assurément coûtait infiniment plus cher que les babioles et masques à l'origine. Alors que Mwinda s'apprêtait à prendre la parole, le sas s'ouvrit de nouveau pour laisser apparaître un enfant d'une dizaine d'année, massai également, qui couru se jeter dans les bras du vieil homme, surpris, mais faisant tout pour ne pas le paraître. L'enfant s'installa sur les genoux du PDG sans même lui demander son avis mais ce qui interloqua le plus Damas était que l'IA n'avait pas annoncée la venue de l'enfant qui avait ouvert un sas pourtant verrouillé sans même que Sharpova soit sur ses talons.

- Kirikoua, mon très jeune fils que je ne chéris pas assez apparemment, pardonnez son intrusion."

Mwinda s'était rapidement remis de son étonnement mais n'adoptait étrangement pas les gestes affectueux d'un parent pour son enfant, l'instinct maternel peut parfois s'apparenter à un sixième sens et Damas était loin d'être dupe.

- Hola Senora Damas", lança sournoisement l'enfant au regard rieur.
"J'espère que père ne vous embête pas trop, il est toujours très occupé avec son jouet préféré: les affaires. Mais que voulez vous, on ne le changera pas !" Kirikoua fit une bise à son père avant de bondir de ces genoux pour sauter sur ceux de Kira, serrer ses petits bras autour du cou de la combattante,
lui faire une bise puis repartir en sautillant, laissant les deux adultes pantois. Surtout Damas, suite au monologue du petit qui avait désagréablement inverser son statut avec celui de son père un peu trop âgé pour l'être.


- Bien", repris Mwinda."Je disais donc que vous ne seriez pas seule pour le contrat que nous vous confions. Mais assez parlé, je vais vous présenter le premier membre de votre équipe, une tête brûlée avec qui j'ai l'habitude de travailler qui vous présentera la mission, que vous acceptez n'est-ce pas ? Cela ne fait aucun doute, un peu d'argent pour les études du petit Alexandro et améliorer votre quotidien à vous trois doit être une priorité pour vous.."

Damas fronça les sourcils, l'attitude de son hôte ne lui plaisait pas et elle avait aussi un don pour flairer les emmerdes qu'elle s'était abstenue d'évoquer. Elle ne répondit rien, préférant connaître la nature de sa mission même si elle savait qu'elle ne sortirait pas vivante de cette endroit sans accepter. Le sas s'ouvrit de nouveau..



tita758

ça commence bien

au boulot pour la suite :)

Ghost

Vraiment pas mal !

Par contre le gamin du Massaï a quel âge ? Il s'assied sur les genoux mais il parle comme un diplomate...  :P

K@w@l

20 Juin 2012 à 03:09:22 #5 Dernière édition: 23 Juin 2012 à 03:07:58 par Kawal
Citation de: Ghost68 le 08 Juin 2012 à 14:38:18
Vraiment pas mal !

Par contre le gamin du Massaï a quel âge ? Il s'assied sur les genoux mais il parle comme un diplomate...  :P

Surdoué, ça s'appelle... Cela fait étrange au départ lorsque l'habitude te manque de côtoyer ces petits êtres extrêmement doués pour l'apprentissage, le raisonnement, la palabre...


Vivement que vienne la suite !

"Une fois que tu as mis le doigt dans Infinity, tu peux dire "Au revoir" à l'espèce marine"
"Le Canada, c'est pas la terre à délits"
"Toujours boire de l'eau après un scénario "arrangé""

Néo sinister

La suite, la suite !!!!!

C'est sur que de nos jours on a pas trop l'habitude d'enfants de ce genre là... Et pourtant ça existe, si si...

gus

20 Juin 2012 à 13:09:35 #7 Dernière édition: 20 Novembre 2013 à 15:21:21 par gus
Un homme d'une trentaine d'années entra, les mains dans les poches à l'allure pantouflarde, du genre de ceux qui ne sont jamais vraiment réveillés même lorsqu'ils sont sensés l'être. Sa démarche lente et paresseuse ne fit pas bonne impression au sergent qui s'étonna de le voir s'avachir nonchalamment contre le bureau de Mwinda, à défaut de se voir offrir l'un de ces fameux fauteuils lévitant. Le PDG ne sourcilla pas et Damas compris que c'était un habitué des basses besognes de la société. Il ne prit pas la peine de la saluer et introduisit brièvement la mission à venir :

- Nous avons rassemblé l'équipe au sein du vaisseau Tunguska. Comme vous, ils ont rendez vous dans moins d'une heure maintenant au Zaveisky Orb, un des nombreux bars parmi les modules de divertissements du vaisseau. Et dans moins de deux heures nous atteindront l'orbite de Svalarheima. Nous appareillerons dans un petit vaisseau de transport de marchandises intra-système sous pavillon panocéanien pour nous fondre dans la masse et..."

- Attendez un peu ", l'interrompue Damas, "vous avez dit Nous?"
"Mwinda vous n'avez rien trouvez de mieux qu'un alguacil à la loyauté mesurée à sa paie pour cette mission ? J'ose espérer qu'elle ne soit pas trop difficile pour ce genre d'énergumène.."

Mwinda sourit puis pris la peine de répondre voyant que l'alguacil se contentait de lever les yeux au ciel, l'allure lasse et les épaules affaissées.


- Si Fernando a participé à plusieurs campagnes militaires, il est surtout dans le milieu du mercenariat depuis ses classes et a suffisamment d'informateurs et de relations pour mener à bien cette mission. Vous en faites pas pour le feu, d'autres éléments sont là pour ça. Sous ses airs de paresseux se cache un subtil négociant."
"Reprenez Fernando."

- Notre destination sera le point S-1372, sur le territoire nommé Solokov en zone Panocéanienne. La destination est toutefois la frontière avec le territoire Yu Jing Huangoi-Niflheim. La prudence sera de rigueur. Nous atterrirons à proximité d'une bourgade vidée de ses habitants depuis les guerres néo-coloniales. Nous devons nous rendre sur le site industriel désaffecté de gisement de minerais qui constituait l'unique gagne pain de toute cette charmante petite ville. Je vous guide jusqu'à l'ancien bureau du directeur, on trouve le coffre, on extrait les données confidentielles sur la santé économique du groupe aujourd'hui disparu et on évacue la zone."

- Charmante histoire ", commenta le sergent Damas.
"Mais il manque ce pourquoi je suis là dans votre récit : l'action. Une zone déserte, un site vide, des données oubliées de tout le monde dont même le propriétaire n'existerait plus pour en réclamer le contenu... Je n'apprécie pas tellement d'être prise pour une naïve."

- Oh, oubliez un peu tout ce que les médias tentent de cacher par leurs belles histoires", répondit Mwinda.
"Les zones frontalières de Svalarheima sont de véritables poudrière en tension constante et de nombreux heurts éclatent entre les deux voisins. Ces conflits sont cachés au reste de la sphère pour maintenir un semblant de paix. Vous êtes en mission d'escorte, je ne vous ai pas choisi pour une mission d'élimination vous auriez refusé. Aucun vaisseau ne s'est posé à proximité de cette bourgade depuis que les habitants l'ont évacués. Les forces des deux nations sont sur leurs gardes et si elles détectent une activité quelconque, elles enverront à coup sure des patrouilles. Fernando dispose d'une accréditation pour pénétrer le territoire et saura négocier votre passage si un officier insiste. Mais en cas de zèle il risque d'avoir un affrontement et la tension ambiante dans la zone ne fera qu'envenimer la chose. Vous êtes mercenaire et j'ai pris toutes mes dispositions pour que les autorités ne puissent pas remonter jusqu'à nous si cette triste éventualité devait arrivée."

"Le groupe NFSC a besoin de ces données pour le comptable de Tunguska. Nous étions la banque de l'usine d'extraction et il nous manque de nombreux enregistrements comptables. L'amende qui en résulterait serait bien plus coûteuse que cette mission et surtout l'image de marque en prendrait un coup en cas de révélation par un concurrent de manœuvres financières occultes de notre part. Nous ne voulons rien risquer. Qui sait, si un concurrent avait eu vent de cette affaire, postulat qu'il ne faut pas écarter, alors peut être enverront ils d'autres mercenaires intercepter ces données avant nous... faites moi plaisir : soyez sans pitié pour eux."

- Bien.. "repris Damas à moitié convaincue. Elle savait que toute mission comportait sa part de risques et de mystères mais ça, elle le troquait contre plusieurs mois de salaires.
"Qui sont mes subordonnés?"

- Trois autres mercenaires alguacils en qui j'ai confiance nous accompagneront", lança Fernando.
"Dont une porteuse d'arme lourde et une équipée d'un matériel médical. Bien que je l'ai rarement vu sauver une vie sur le terrain. Nous avons l'habitude de travailler avec la NFSC aussi nous prendront les choses en main tant qu'il n'y a aucun contact. Pour ce qui est du combat si combat il y a, vous prendrez le commandement. Maintenant allons chercher les autres nous vous transférons sur votre comlog leurs fiches pour que puissiez les consulter le temps que la navette nous emmène au point de rencontre."

- Bonne chance", conclu Mwinda. Un signal sonore provenant du siège lévitant du sergent retentit pour annoncer le retrait du fauteuil et Damas eu tout juste le temps de se lever. Fernando railla en se remettant droit sur ses jambes et entama d'un pas lent la direction du sas de sortie, suivie de Kira qui adressa un salut militaire au dirigeant de la NFSC avant de prendre à son tour congé.

darkdoji

Citation de: gus le 20 Juin 2012 à 13:09:35
...une équipée d'un matériel médical. Bien que je l'ai rarement vu sauver une vie sur le terrain...

ça rappelle pas mal de parties :D
Warcor Lyon

et la le Ninja hacker répondit à l'Avatar: bzzzzzzjopj! et celui-ci s'évanouit sous tant de violence ...

K@w@l

Déjà fini la lecture...  :-[

C'est soft pour l'instant. Je voudrai la sweet  ;D (Je sens le plan bien préparé où rien n'est laissé au hasard et où rien ne se déroule comme prévu...). J'adore quand un plan se déroule sans accro  O0
"Une fois que tu as mis le doigt dans Infinity, tu peux dire "Au revoir" à l'espèce marine"
"Le Canada, c'est pas la terre à délits"
"Toujours boire de l'eau après un scénario "arrangé""

gus

Je remercie d'abord ceux qui s'intéressent à la rédaction amatrice et j'en profite pour inciter la muse de tita758 de le stimuler à poursuivre ses récits!

Je remercie également Kawal, pour son travail de correction rigoureux qui nettoie le texte de bien des impuretés.

La suite arrivera prochainement...


K@w@l

Citation de: gus le 24 Juin 2012 à 09:36:58

Je remercie également Kawal, pour son travail de correction rigoureux qui nettoie le texte de bien des impuretés.


Merci. C'est mon côté haqqislamiste rigoureux  O0 qui prend le dessus sur le soufiste   ;)

Citation de: gus le 24 Juin 2012 à 09:36:58

La suite arrivera prochainement...


Elle est attendue  ;D
"Une fois que tu as mis le doigt dans Infinity, tu peux dire "Au revoir" à l'espèce marine"
"Le Canada, c'est pas la terre à délits"
"Toujours boire de l'eau après un scénario "arrangé""

tita758

vivement la suite, j'aime bien la mise en place de l'intrigue

Citation de: gus le 24 Juin 2012 à 09:36:58
j'en profite pour inciter la muse de tita758 de le stimuler à poursuivre ses récits!

C'est gentil, hélas, la muse m'a filé d'autres boulots en ce moment.
Côté infinity je me concentre sur la mise en place d'une section à mon club de jeu et c'est déjà beaucoup :)

gus

29 Mai 2013 à 11:19:22 #13 Dernière édition: 20 Novembre 2013 à 15:29:05 par gus
Je reprends la narration maintenant que j'ai un peu plus de temps, je tâcherai d'avancer un peu plus vite cette fois ^^!


Nation nomade
Vaisseau mère TUNGUSKA
Baie d'amarrage E-29


Si tunguska n'était pas le plus grand des vaisseaux de la flotte nomade, il en était incontestablement le plus riche et tout dans sa construction était fait pour le rappeler aux visiteurs, aux clients. On était loin des couloirs exigus des ponts sombres du vaisseau natal de Kira alors qu'ici toutes les coursives, même les moins fréquentées, étaient dotées d'un système de gravité artificielle. Les touristes qui ne venaient pas pour conclure des affaires étaient attirés par les soirées VIP prisées qu'offrait le vaisseau. Il serait déconvenue de leur barbouiller l'estomac avec des zones à gravité zéro, quand bien même ce genre de zones permettaient une économie d'énergie considérable qui pouvait être redirigée vers les systèmes d'armement pour une circulation de l'équipage plus rapide et plus fluide en mode combat et une pleine puissance pour les équipements de défense. Assurément, Tunguska n'était a priori pas faite pour des guerres d'usure, mais ses combats se livraient sur un tout autre front : la dangereuse sphère politico-financière.

Fernando et son escorte de bleusailles l'entouraient dans la navette taxi. C'était finalement le larbin de la NFSC qui paraissait le plus expérimenté. L'une d'entre eux, Ramirez, était rasée et tatouée façon gang de Praesidio. Elle devait être la porteuse d'arme lourde avec ses allures de brute, de toute façon c'est celle qui avait les plus gros bras des quatre vauriens. A sa droite se tenait une blonde midinette, Sweety qu'elle s'appelait, que Kira soupçonnait d'être tout juste sortie des bordels les plus lugubres de Praxis. Il aurait fallu un scanner dernière génération et une année d'études minutieuses pour déceler ce qui pouvait bien rester de naturel chez cette bimbo. Le sergent pria secrètement pour que les implants mammaires de cette poupée ne contiennent pas de matière inflammable sinon explosive, les chirurgiens de Bakunin avaient parfois des idées... exotiques. Enfin elle passa en revu le dernier des quatre fantastiques : Cortes. Lui aussi était d'origine hispanique. S'il avait l'air d'être le plus sérieux des bras cassés, Kira déchanta très vite lorsque le taxi décolla.  Dieu sait que les mercenaires ne sont pas humbles, mais celui-ci se complaisait dans la vantardise en s'accrochant désespérément à l'idée qu'un jour il « chevaucherait la fougueuse Ramirez », la jument susnommée lui répondant sa désapprobation sous un flot d'injures. Des amateurs, des enfants, voilà ce qu'ils étaient. Seul Fernando restait silencieux, serein, lui adressant tantôt un regard amusé, tantôt un sourire moqueur lorsque Cortes se félicitait à nouveau d'un fait d'armes en l'assortissant de toutes les exagérations possibles et imaginables. La NFSC n'avait pas dû les payer bien chère, avec certainement un contrat leur accordant le versement de leur gage qu'une fois la mission terminée s'ils étaient en vie. De la chaire à canon particulièrement rentable.

Alors que le taxi demandait l'autorisation d'amarrage à la baie E-29 où se trouvait le Zaveisky Orb, un flot de publicités en tout genre envahie les comlogs de tout l'équipage. Si certaines compagnies se contentaient d'une barre défilante, d'autres ne lésinaient pas sur les moyens et une image virtuelle d'un danseur nu se dandina au centre de la navette tout en interpellant Kira par son nom et son grade. A en voir Cortes tirant la langue et agitant ses mains devant lui pour palpiter le vide, chaque publicité devait s'adapter au propriétaire du comlog. Le temps d'obtention d'une autorisation d'amarrage étant volontairement rallongé pour permettre la diffusion du plus grand nombre de spots. Le sergent Damas préféra activer son pare-feu pirate d'interruption des messages commerciaux pour inspecter le dossier du reste de l'équipe.

Il y avait deux autres natifs de vaisseaux nomades. Léo, le premier, était un pilote affranchi de Szalamandra. Il avait pu obtenir un crédit après des années de service dans l'armée pour pouvoir obtenir son propre TAG et officiait depuis comme mercenaire. Il serait le fer de lance en cas d'assaut sur la mine puis attendrait à l'entrée pour couvrir les arrières. Le second était un Massai de Corregidor, Oko. Celui-là était équipé d'un gros fusil et confectionnait lui même des bombes mobiles, les célèbres koalas. Il jouerait le parfait rôle d'enfonceur de portes.

La mission comptait aussi la présence d'un couple tout à fait atypique : Lyne et Georg. La première avait fait parti du célèbre régiment des Nisses sur Svalarheima. Des tireurs d'élite froid comme l'environnement dans lequel ils excellaient. Elle avait rencontré Georg, un dogface, une aberration de la nature capable de se transformer en un véritable monstre canin, lors d'une mission spéciale dans les montagnes ariadnaises de sabotage d'une cache de téseum. Georg était à l'époque escorte de convoi du précieux minerais et Lyne était chargée de le séduire pour avoir des informations sur l'emplacement du site. Le stratagème avait si bien marché qu'ils tombèrent l'un et l'autre amoureux. Une belle histoire d'amour qui coûta la carrière de Lyne qui avait pourtant réussie sa mission et une prime sur la tête de Georg. Ils formèrent un couple à louer au prix fort pour qui voulait se voir adjoindre une équipe de choc, sans états d'âme en dehors de leur romance.

Enfin la dernière était Mokobe, une hackeuse et voleuse de renom à l'origine inconnue. On sait simplement qu'elle est recouverte de tatouages maoris que seuls peuvent observer ceux face à qui elle désactive son système de camouflage thermo-optique. Un véritable fantôme capable de craquer les verrous informatiques les plus tenaces et de s'emparer des magots les mieux gardés au nez et à la barbe de la sécurité. Quiconque s'aviserait de la suivre rencontrerait inévitablement les pièges minés qu'elle disposait derrière elle à défaut de pouvoir l'aligner à longue portée grâce à son viseur dernier cri.

Une équipe de spécialistes, chacun dans son rôle, on était loin des rigolos qui l'entouraient. Le taxi ralluma les moteurs et Sweety le blondinette procéda aux derniers achats de cosmétiques proposés par les spots publicitaires. L'enseigne du Zaveisky Orb apparue au hublot.

gus

29 Mai 2013 à 11:43:47 #14 Dernière édition: 16 Novembre 2013 à 08:16:53 par gus
Le sas s'ouvrit pour accueillir le bruit de la foule, l'odeur épicée de mets asiatiques et les lumières multicolores des enseignes de bars, de panneaux publicitaires et de signalisations. Fernando sorti le premier et intima l'ordre aux Alguacils de les attendre dans la navette. Le sergent Damas lui emboîta le pas et tous deux affrontèrent la cohue qui les séparait du bar. Le pont E de Tunguska était très animé et dénotait avec le reste du vaisseau. C'est là où on parquait les déviants, les mutants, et toutes les choses bizarres sur lesquelles la Securitate préférait avoir le contrôle. Des bars infâmes, des bordels sordides, et surtout des produits rares et autres drogues vendues bon marché sous le manteau. Si ce genre de ponts étaient tolérés sur un vaisseau aussi prestigieux, c'était uniquement parce qu'ils constituaient les quais et stocks officieux vers lesquels les mafias planquaient toute sorte de choses sans risquer de scandales.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans le bar aux lumières tamisées, une atmosphère poisseuse les submergea agrémentée de l'odeur âpre de fumées hallucinogènes. Les bottes magnétiques s'accrochaient au sol imbibé d'alcool et les curieux qui les dévisageaient avaient le regard vitreux et reniflaient mécaniquement. Fernando la conduisit à une table dans un coin où les attendaient les mercenaires. Ils étaient tous là sauf un, Mokobe n'était pas présente. Au centre de la table trônait un narguilé contenant certainement une dose de drogue dure.

Fernando enclencha un dispositif d'anti-écoute et demanda à tous d'éteindre leurs comlogs avant d'inviter le sergent à se présenter.
- Je suis le sergent Kira Damas du corps des brigades mobiles, c'est moi qui dirigerai les opérations. Vous connaissez déjà la mission et je n'ajouterai rien en public. Je pense de toute façon que vous êtes assez expérimentés pour en avoir parfaitement pris connaissance. Expérimentés, c'est ce que laisse présager vos dossiers et j'ai prévenu notre employeur que je ne bossais qu'avec des pros. Soyez à la traîne et vous le resterez, soyez insubordonnés et vous quitterez l'équipe. Dans tous les cas je tâcherai de faire en sorte qu'aucun d'entre vous ne puisse être capturé, j'entends parler d'élimination. Des questions ? "

Oko, le Massaï, pris le premier la parole.
- Contrairement à ce que vous pensez, nous n'avons été que sommairement informés sur la nature de notre mission. C'est toujours comme ça de toute manière, aucun employeur ne se risquerait à dévoiler son véritable projet au cours du recrutement. Néanmoins, si je dois risquer ce que j'ai de plus chère, je tiens au moins à savoir où est-ce que je serai susceptible de le perdre. "

Georg le dogface relâcha une bouffée de fumée avant de s'exprimer à son tour d'une voie rauque.
- Que se soit bien clair, Lyne et moi ne nous séparons jamais au cours d'une mission. Donnez un ordre qui irait à l'encontre de ce principe et vous retrouverez le joujou qui vous sert d'arme à un endroit où, croyez moi, vous préféreriez qu'il n'y soit pas. "

- On se calme le toutou! " lâcha Kira, " Sinon, crois-moi, je ferai de ton pelage une véritable torche qui illuminera la galaxie. Pour ce qui est de la destination, nous nous rendons sur Svalarheima. Nous sommes complémentaires, je ne prévois pas de dissocier le groupe Georg, mais si je dois en arriver là vous obéirez ou je mettrai ma menace à exécution avant même que vous ne puissiez envisager d'en faire de même avec la vôtre. "

Lyne posa sa main sur le bras du dogface pour le calmer et répondit

- Svalarheima n'est pas Bakunin. On entre pas si facilement et sans autorisation d'atterrissage autant dire que se sera notre vaisseau qui pourrait rapidement se transformer en torche resplendissante. Je suis native de cette planète et j'ai passé la plupart de mon temps à patrouiller, parfois même en dehors de zones sous contrôle panocéanien. Nous ne passerons pas à travers les mailles du filet. "
La voie de Lyne était incroyablement douce et contrastait harmonieusement avec les intonations graves de son partenaire.

- Bon, ils auraient pu me prévenir qu'on allait se les geler, va falloir que j'installe les modules d'anti-gel sur le TAG. Vous pouvez me dire à quoi je vais servir sous cette carapace ? Vous imaginez bien que pour traverser la glace, ça, je la traverserai ! Et mon armure se transformera en cercueil, non merci ! " Léo semblait le plus indiscipliné sous ses dreadlocks et ses allures nonchalantes. Il était fringué comme un dépravé et il était l'antithèse du concept d'hygiène.

Le sergent Damas préféra couper court avant que trop d'informations ne soient données en public. Sous leurs allures de professionnels ils se conduisaient eux aussi en amateurs, à geindre pour un rien.

- Notre employeur a pris toutes les dispositions pour notre accès à la zone d'opération. Nous n'avons pas à nous cacher c'est une mission que nous exécuterons en toute légalité. Pour ce qui est du TAG, nous ferons une étude cartographique pour tracer l'itinéraire. Lyne connaît bien cet environnement en cas de pépin. Ton rôle Léo est avant tout de dissuader les curieux de s'intéresser à nous. Trêve de bavardage, Tunguska va arriver en orbite au dessus de Svalarheima. Je vous attends dans une demi-heure sur les quais D-156 emplacement 18. Les retardataires resteront à quai et les autres se partageront sa prime. A très vite. "  

Sur cette directive, Kira ne s'attarda pas plus longtemps et retourna au taxi accompagné d'un Fernando plutôt amusé. Mokobe devait certainement être dans le coin et avait dû pirater le dispositif de Fernando. Elle serait donc au rendez-vous mais ce qui dérangeait le sergent était l'équipe de pleurnicheuses qu'elle devrait supporter. Une chose la gênait ceci dit : que la NFSC ait engagé des mercenaires aux compétences aussi variées. Soit le site était sécurisé par des automates, soit ils n'étaient pas seuls sur le coup, mais dans tous les cas ce que lui cachait son employeur était de plus en plus gros.


K@w@l

La suite dans l'esprit du début... Nickel  ;)
"Une fois que tu as mis le doigt dans Infinity, tu peux dire "Au revoir" à l'espèce marine"
"Le Canada, c'est pas la terre à délits"
"Toujours boire de l'eau après un scénario "arrangé""

gus

15 Novembre 2013 à 07:38:41 #16 Dernière édition: 26 Janvier 2014 à 13:12:18 par gus
Valkyrie (1/3)

Les toits de la ville étaient recouverts d'une bonne épaisseur de neige. La tempête de la veille était passée et, tandis que la lune ployait sous les lueurs du soleil, le jour découvrait un paysage emmitouflé sous un merveilleux linceul blanc. Quelques flocons descendaient paresseusement, leur trajectoire quelque peu dévidé par cet air sec et léger qui vous empoignait le cœur. L'aube s'accompagnait de son calme habituel dans ces quartiers résidentiels et seul le bruit des pas légers de Lyne, s'enfonçant dans la neige dans un croassement singulier venait rompre le révérencieux silence qui régnait en ces lieux. Quelques badauds attendaient au loin le passage de leur autobus qui les mènerait à la mine, avec le probable retard habituel des chutes de neige inattendues. Cet horizon d'un blanc pur avait quelque chose de très apaisant depuis ce balcon du cinquième étage, la neige recouvrant tout : de la misère à la rigueur qui sévissaient dans les villes minières de cette planète trop longtemps isolée du reste du monde.

Comble du bonheur, Lyne pouvait se risquer à sortir une cigarette sans craindre qu'une alarme d'intérieure ne retentisse, qu'un automate de nettoyage en patrouille ne vous sermonne ou qu'un contrôleur du fisc' environnementale ne s'assure de votre acquittement de la taxe «nuisances» d'échelon quatre.  Le tabac était bon, et elle l'avait eut pour pas trop chère sans passer par le marché noir ce qui le rendait d'autant plus appréciable. Elle souffla la fumée sur le givre qui recouvrait le carreau donnant sur la chambre pour contempler sa proie endormie. Georg était étalé sur le matelas, à moitié couvert par un drap certainement maculé en quelques endroits des sécrétions de la veille. Son corps chaud, sculpté par de puissants muscles saillants, se reposait de leurs ébats nocturnes. Lyne qui était étrangère aux choses de l'affect, se sentait curieusement bien au creux de ses bras, une chose qu'elle n'avait jamais ressentie au cours de ses précédentes missions.

Elle comptait sur la fraîcheur matinale et la solitude du paysage pour mettre de l'ordre dans ses pensées. Elle avait développé des liens « hostiles à la bonne exécution de la mission » qui s'expliquaient selon ses supérieurs par plusieurs facteurs : Les éléments féminins étaient émotionnellement sujets à des troubles de plus en plus forts au fur et à mesure de leur carrière, qui aboutissait soit à la cessation de leurs activités au sein des forces spéciales, soit à la consécration pleine et entière de leur être à leur activité. La souplesse pour un équilibre entre les deux étaient, d'après les psychanalystes et biologistes, plus accessible pour les hommes que pour les femmes pour des raisons endocriniennes, hormonales et sociétales. Le second facteur d'hostilité, pour lequel les hommes étaient plus sensibles, était la durée d'action sous couverture couplée à la nature de l'infiltration. Plus longue était l'infiltration, plus difficile pouvait être la mise en exécution des instructions, notamment en cas de mission de « pêche ». Une mission de « pêche » était le fait de placer un agent en appât chargé d'établir un lien émotionnel important et immuable avec une cible prédéfinie qui conduirait à l'objectif souhaité pour que l'organisation puisse suivre le fil des événements avant de se mettre en action pour récupérer ce qu'elle souhaitait. Ces missions présentaient l'avantage d'un taux élevé de réussites à bas coûts pour lequel un déploiement de force n'était pas envisageable sans éléments d'information précis, en contrepartie d'une patience infaillible et du risque de développement des ces « liens hostiles ».

Ils avaient recruté Lyne pour sa froideur, son stoïcisme et son physique ; les spécialistes analysant à dix-huit mois la durée de cette opération sans risquer que la mission soit compromise. La première fois où elle avait rencontré Georg remontait à sept mois. Il avait été assez facile de le séduire, s'il était plutôt solitaire et cherchait à ne pas prendre de risques pour sa vie clandestine, il n'était pas contre l'idée d'une relation purement charnelle. Lyne l'avait compris à la lecture du dossier de son « client » et n'avait pas hésité à se montrer entreprenante là où cette tactique se révélait plus compliquée face à une cible épris de son partenaire. Les deux premiers mois ne se résumaient qu'à des rencontres sporadiques dans ce bar où ils avaient tacitement choisi de se retrouver puis Georg lui avait proposé d'emménager, certainement après avoir pris en considération la chance qui s'offrait à lui de trouver quelqu'un d'aussi peu encombrant tout en pouvant continuer de mener en toute discrétion ses activités illégales.

Depuis la naissance de leur vie de couple, Georg avait fait trois chargements. Il travaillait pour le compte d'une mine de téseum en tant que chauffeur et convoyait le précieux minerai aux dépôts claniques. Il recevait de temps à autre, une enveloppe consistante et l'ordre et de remettre le contenu de son poids lourd à un tout autre endroit. La marchandise détournée faisait l'objet d'une corruption à tous les stades de l'organisation, des équipes de production et de contre-maîtrise à de plus hauts niveaux de hiérarchie. Le téseum était stocké dans une cache puis se revendait illégalement à des prix détaxés pour revenir dans les poches de la mafia plutôt qu'aux clans propriétaires et à l'État. Les supérieurs de Lyne en avaient reçu l'information des lobbyistes de sa nation et l'objectif de la mission était de trouver la localisation de la cache pour fondre sur le site et mettre la main sur cette denrée sans risquer de procès avec les clans ou de se faire réprimer par l'augmentation du prix de la marchandise. La mission d'infiltration et l'équipe d'intervention étaient financées indirectement par ces firmes lobbyistes dont l'impatience s'était très vite fait ressentir et qui avait donné l'ordre d'agir au prochain chargement, nonobstant les recommandations qu'elle leur avait fait parvenir...


- J'ai toujours apprécié la levée du jour du premier matin suivant la neige, le paysage se transforme et laisse place à cette douce mer d'un blanc éblouissant. »

Georg s'était levé sans qu'elle ne s'en rende compte et l'avait surprise, une erreur qui lui serait fatale si elle se réitérait aujourd'hui.

- Je ne sais quel bonheur cela peut procurer de fumer en toute liberté, mais est-ce bien raisonnable d'en fumer le filtre ? »

Elle avait à ce point tiré sur la clope qu'elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle s'en brûlait les doigts, elle sourit enfonça le mégot dans la neige de la rambarde.

- Tu devrais nous préparer le café plutôt que de sortir nu avec ce froid, les affaires m'appellent et les français n'attendent pas quand il s'agit de négociantes « extra-terrestres » et je crois savoir que tu commences plus tôt aujourd'hui ? »

- Le café est en train de couler, laisse-moi prendre ma douche et nous partirons ensemble, une longue journée nous attend. »

gus

15 Novembre 2013 à 09:06:40 #17 Dernière édition: 26 Janvier 2014 à 13:12:29 par gus
Valkyrie (2/3)

C'était une erreur, elle le savait depuis que l'organisation avait pris sa décision. Elle n'était pas en mesure de connaître la quantité de téseum stocké et leur fluctuation pour prédire le moment stratégique pour une intervention optimale. La précipitation pouvait mener à ne mettre la main que sur un chargement et priverait Lyne de la possibilité de mieux appréhender le réseau mafieux et de découvrir l'emplacement d'autres caches. Mais ce qui était une plus grosse erreur encore était ce qu'elle s'apprêtait à faire. Sa démarche n'avait rien de rationnel et elle aura à en payer le prix cher, un prix bien plus élevé que si elle se conformait à ses instructions. Les tasses fumaient de café chaud lorsque Georg se présenta dans la cuisine, le canon d'un revolver trouvant sa mire en direction de sa tête.

- Tu peux m'expliquer Lyne ? Cette arme n'est pas un jouet, j'en ai besoin pour me protéger et ce n'est pas le moment pour pimenter nos moments érotiques, nous allons être ne retard. »

- Ne fait pas l'idiot, je sais mieux me servir de cette antiquité que toi et j'ai certainement appris à manier des armes avant même que tu ne saches compter jusqu'à trois. Je suis en mission d'infiltration depuis sept mois, huit jours, vingt heures et trente six minutes, tu vas me dire précisément où se trouve la cache vers lequel tu transites en toute illégalité le téseum du clan. »

- Aah ! Tu bosses pour les écossais ? Ils en ont mis un temps avant de comprendre ce qu'il se passait. Tu comptes faire quoi ? Me loger une balle ? Tu connais ma nature, elle se lit sur ma ***CENSURE***. Tires, et le coup de feu n'aura pas retentit que je t'aurai encastré dans le mur. »

- Ne-fais-pas-l'idiot. La balle dans ce barillet est chargée d'un virus qu'on trouve facilement sous le manteau, et ce seul projectile suffira à te mettre à terre. Donnes-moi la localisation du site, la quantité de téseum présente et je sors de ta vie d'ici deux heures une fois que l'équipe d'intervention aura fait le travail. »
Lyne veillait à conserver un visage impassible, aucune émotion ne devait transparaître mais Georg semblait accuser le coup, à moins qu'il feigne également dans ce jeu de bluff pour lui sauter dessus au premier relâchement.

- Tu risques de chopper une crampe avec cette arme pointée et tu sais que je ne te ferai pas le cadeau d'une demi seconde de répit. Tu n'as qu'une balle parce que tu sais très bien que tu n'auras le droit qu'à un coup. Le temps de recharger, aussi court soit-il, et toi et le mur ne feront qu'un. Je n'ai jamais compris ceux de votre « race », les taupes ; vous simuler depuis si longtemps que c'est à se demander quelle schizophrénie vous développez. Bon, quel est le plan ? Tu me tues et puis? Tu prends deux mois de vacance et tu retournes en opération avec une nouvelle identité et une vie à détruire après l'avoir manipulée ? J'espère que ça paie bien ton boulot, car se vendre corps et âme c'est un sacrifice auquel je ne consentirais que pour une somme à sept chiffres. »

- Ne cherche pas à comprendre mes motivations, elles te dépasseraient. Contentes-toi d'épargner ta vie et de me donner mes informations. » L'intimidation ne marchait pas, il n'y avait que très peu de chance de réussir par ce procédé avec un homme qui se savait condamné par la mafia à la minute où il lâcherait les coordonnées. Qu'il meurt rapidement sans souffrir d'une seule balle était même une alternative séduisante. Lyne aurait tenue parole en sortant de sa vie pour lui laisser la chance de s'évanouir dans la nature, l'aéroport menant au spatioport n'étant pas loin, mais il n'avait aucune garantie qu'elle ne lui collerait pas une balle dans la tête dès qu'il passerait à table pour ne prendre aucun risque quant à sa couverture, conformément à ses instructions par ailleurs. Elle ne pouvait se résoudre à faire ce qu'elle allait faire, mais elle savait que ça allait être la plus grosse erreur de sa vie.

Soudain son communicateur s'éclaira, sa poigne se resserra sur la crosse de son revolver. Georg le remarqua et se contenta de sourire, l'incitant du regard à prendre l'appel, visiblement amusé. Elle décrocha pour n'entendre qu'un unique mot en guise d'interrogation prononcée par la voie déformée d'un logiciel de camouflage vocal : « Alors ? » Ce à quoi elle répondit :

- J'ai la cible en visuel, ma filature est un succès, je m'apprête à poser le mouchard. Je ne l'allumerai qu'une fois qu'il se sera suffisamment éloigné du site minier pour éviter les détecteurs de dispositifs de la mine. »

Georg haussa un sourcil et l'interrogea : « Tu me mens, tu leur mens et tu te mens sûrement à toi-même. Qui en ce bas monde peut-il prétendre que tu ne l'as pas trompé ? Que tes parents se rassurent, ils peuvent être certains que tu descends bien d'Eve, sous réserve qu'un roi du scalpel ne soit pas passé par là avant moi... »

C'était une monumentale erreur, elle le savait, mais elle venait de franchir le point de non retour. Elle abaissa son arme, mais Georg n'en profita pas pour se ruer sur elle, peut être le plan fonctionnerait-il ?

- Hier soir, comme toujours à la veille d'une de tes opérations, tu m'as murmuré vouloir tout quitter pour fuir ton quotidien avec moi, traverser ensemble les étoiles et nous offrir une vie meilleure. Je te donne l'occasion d'honorer ta parole. J'ai choisi de continuer ma route avec toi, un choix qui a un taux de réussite bien inférieur à celui de l'exécution de ma mission mais qui reste rationnellement viable : à risques plus élevés le gain est plus fort : la vie à deux. Nous avons très peu de temps pour rejoindre l'aéroport, ils sont en train de géolocaliser l'appel pour connaître ma position et s'assurer que je suis bien à ma place conformément au protocole. Ils connaissent l'heure de ton chargement et je n'ai pas pu faire autrement, nous devrions déjà être sur les lieux. Qu'en dis-tu ? »

- Je n'ai pas pour habitude de manquer à mes paroles mais je les offre en connaissance de cause. Atteindre l'aéroport ne sera pas chose facile, prendre une navette au spatioport est inenvisageable. La mafia me recherche activement maintenant qu'ils se sont aperçus de mon absence et ils me liquideront dès qu'ils comprendront ce qui se trame. Quant à tes employeurs, ils déploieront tout leur arsenal pour nous rayer de la carte. C'est pas une vie que tu nous offres, c'est une mort certaine ».

- Mon appel a été géolocalisé, ils s'apprêtent à fondre sur nous, ce qui ne leur prendra que quelques minutes. Décides-toi, nous sommes condamnés de toute façon. »

Une lueur brillante pétilla dans l'œil de Georg, la situation semblait l'amuser. Rien dans son existence n'avait dû lui procurer autant d'adrénaline qu'en ce moment, il était citoyen de seconde zone et il avait quitté très tôt les bancs de l'école pour un siège de poids lourd. Mise à part quelques rixes de comptoir, rien n'était venu perturber sa morne existence. Il se releva, fouilla un tiroir pour en ressortir quelques balles calibrées pour son magnum et pris ses clés.

- Vivons dangereusement, je passe devant. Ses balles te serviront à toi plus qu'à moi, je préfère conduire. »

gus

15 Novembre 2013 à 14:37:36 #18 Dernière édition: 26 Janvier 2014 à 13:12:38 par gus
Valkyrie (3/3)

Georg s'assura que le pallier fut dégagé par le judas et actionna la poignée. Un petit « Click ! » distinctif des détonateurs se fit entendre et il n'eut que le temps de faire volte face pour couvrir Lyne. La porte vola en éclat, le couple fut projeté jusqu'au fond du couloir et une gerbe de flamme dégagea une chaleur insupportable dans tout l'étage. Lyne lutta pour ne pas perdre connaissance, les yeux à demi aveuglés, les tympans hurlant, et empoigna son revolver. Une silhouette apparue à l'entrée, elle distingua ce qui devait être la tête à travers la fumée et lui logea une balle alors même que le canon du fusil mitrailleur se levait vers elle. La cible tomba, neutralisée et elle vérifia l'état de Georg. Il avait la peau du dos calciné et de nombreux fragments de bois et de shrapnel jonchaient son corps. Il tiendrait bon, il fallait juste qu'il ne se transforme pas pour qu'ils aient une chance de prendre leur envol. Deux grenades roulèrent sur le sol, diffusant une épaisse fumée grise, elle tenta de s'en approcher pour les évacuer mais une rafale d'arme automatique l'en dissuada. Georg l'empoigna par le bras pour les mettre à l'abri tous deux, dans la cuisine.

Déjà, la fumée s'infiltrait sous la porte pour se répandre dans la pièce. C'était la seule pièce sans fenêtre pour ne pas risquer de se confronter aux tireurs embusqués. Machinalement, Lyne rechargea le revolver en se mettant à couvert derrière le réfrégirateur quand un coup de pied enfonça la porte ; une paire de flash bang illumina la pièce mais Lyne, les yeux fermés, s'y attendait. Assourdie par l'explosion du piège, elle entendit à peine la détonation des deux grenades. Deux hommes surarmés entrèrent, Georg à couvert derrière la porte la referma au nez de ceux qui suivaient, envoya le premier valdinguer à travers la pièce et fracassa le crâne du second d'un crochet du droit tout en bloquant la porte du pied. Des tirs fusèrent à travers la porte et une balle traversa la hanche du dogface, qui peinait à conserver forme humaine, le forçant à se replier en s'équipant au passage du masque respiratoire de sa victime à la tête explosée. Lyne en fit de même avec celui du commando que Georg lui avait lancé, les assaillants enfoncèrent de nouveau la porte en tirant à travers le fumigène mais Lyne, précise, rapide et à couvert abattit les trois premiers. Les autres, à couvert de part et d'autre de l'entrée, nourrissaient d'un tir interrompu le déluge de feu sur le réfrigérateur. Georg lança le corps derrière lequel il se protégeait à l'entrée pour les déstabiliser et elle en profita pour risquer une sortie et tirer à travers la cloison vers les positions pressenties de l'ennemi. Les tirs cessèrent quelques secondes mais Lyne et Georg, encore sourds des explosions, ne purent deviner ce qui se tramait dans le couloir. La fumée avait envahi l'appartement et elle pouvait à peine distinguer les contours du meuble auquel elle était adossée. Un projectile vint mordre sa chaire, une fléchette qui avait déjà déversé le contenant de son réservoir quand elle l'arracha. Elle releva la tête, distingua à peine les lueurs qu'elle reconnue être celles d'un viseur multi-spectrale et s'évanouie.  

Lyne se réveilla dans ce qu'elle devinait être un container. Deux armes étaient braquées sur elle et Georg était allongé à côté. Le dos du dogface avait déjà commencé à cicatriser, il avait rejeté les éclats et sa peau brûlée s'était partiellement régénérée, il n'était donc pas mort.

Un troisième garde s'avança vers elle, ils étaient tous cagoulés et bardés d'équipements et elle reconnue le viseur multi-spectral :
«Votre ami a mal supporté le voyage en aéronef pour votre extraction. Nous lui avions pourtant administré deux doses chevalines mais il en a fallu une de plus pendant le voyage. Monsieur Na Taïba vous fait parvenir ce message.»

Il actionna du pied le projecteur holographique au sol qui illumina la pièce de sa lumière bleutée. L'image reflétait celle d'un vieillard noir de peau, revêtu d'une tenue ancestrale africaine, les pieds nus, arborant quelques parures. Une voix apaisante retentit à travers le transmetteur audio :

- Bonjour Lyne Mikkelsen. Je suis Mwinda Na Taïba. Vos anciens employeurs avaient pris la précaution de dépêcher une unité dans l'immeuble où vous cohabitiez avec votre partenaire pour parer à ce... genre d'éventualités. Au moment où vous leur mentiez, l'ordre était donné de vous liquider tous les deux si vous sortiez ensemble de cet appartement truffé de micros. Heureusement pour vous, ils ont dû s'équiper du matériel disponible sur cette planète pour ne pas éveiller les soupçons, sans quoi vous seriez déjà mort. Mon équipe n'a pas pris cette précaution, j'ai des contacts à la mission commerciale nomade, leur aéronef stationnait sur les pistes de l'aéroport le plus proche et attendait mon ordre. Ordre que j'ai donné immédiatement après votre mensonge. Il ne vous restait plus qu'à tenir les quelques minutes de trajet qui les séparaient de vous, vous avez réussi. Maintenant Georg a écopé d'une prime sur sa tête par la mafia, les autorités le recherchent pour dégradation de biens privés et votre employeur a donné l'ordre de vous abattre à vue tous les deux. Je peux vous faire disparaître, vous faire changer d'identités, à condition que vous travailliez pour moi les cinq prochaines années."

Mwinda marqua une pause, fixant du regard un point vague vers l'horizon, puis repris :"Vous formez un duo peu commun et j'aime investir dans les personnes qui ont le dos au mur et n'ont d'autres choix que de dire oui, dans leur intérêt. Vous travaillerez toujours en équipe et vous aurez un salaire à moitié versé, l'autre moitié sous forme de capital que je vous reverserai à la fin du contrat. Vous ne serez peut être pas payé à hauteur de vos prétentions mais votre sauvetage m'a coûté une somme conséquente et je dois me renflouer. Les missions sont à risques élevés et je veux pouvoir m'assurer de votre fidélité. Voyez en moi votre mythologique Valkyrie, qui vous fait renaître en tant que guerriers valeureux. Acceptez-vous ma proposition ? Messieurs, baissez vos armes, leur consentement doit être libre."

- Le dos au mur hein ? Séparez-nous et je m'assurerai que votre tête soit séparée de son corps. Veillez à ce que l'on ne nous retrouve pas, même après notre contrat. Deal ? »

Elle posa ses yeux sur Georg, étalé sur le sol. Elle devait se décider pour les deux, elle scellait un destin, une vie qu'elle avait totalement perturbée. C'était la première décision qu'elle prenait au nom d'un couple. Un sentiment mêlé de culpabilité et d'excitation qui lui était étranger l'envahissait.

- Deal. »

K@w@l

Citation de: gus le 08 Juin 2012 à 09:49:03
En tentant de faire un peu d'intrigues, pardonnez mes capacités romanesques limitées mais j'espère que la lecture, même longue, ainsi que le trame vous siéront.

edit : Je remercie Kawal qui vérifie avec soin, rigueur et assiduité que je ne prenne pas trop de libertés avec la langue de molière, ses codes et sa musicalité.


Merci ! Mais pour remplir mon "office", il faut de la matière et tu distilles de la matière, de belle pas du tout limitée ;-)

Donc merci pour cette Valkyrie rondement menée  :)
"Une fois que tu as mis le doigt dans Infinity, tu peux dire "Au revoir" à l'espèce marine"
"Le Canada, c'est pas la terre à délits"
"Toujours boire de l'eau après un scénario "arrangé""